Il y a l’histoire, stupéfiante toujours, qui s’écrit depuis plus d’une décennie désormais, la guerre de tranchées entre une organisation vouée au dévoilement des secrets d’Etat et la première puissance mondiale, la saga judiciaire sans fin enchâssée dans les rapports de force géopolitiques. Il y a aussi la vie comme elle vient, même dans des circonstances aussi hors du commun qu’un enfermement de sept ans dans une ambassade, sous haute surveillance. Et donc ceci, révélé en avril 2020, entre les deux volets du procès d’extradition sans doute le plus médiatisé de l’année écoulée : l’une des avocates de Julian Assange, Stella Moris, 38 ans, est devenue sa compagne. Ils ont eu deux enfants, Gabriel et Max, aujourd’hui âgés de 4 et 2 ans.
On la rencontre au cabinet d’Antoine Vey, l’avocat français du fondateur de Wikileaks. C’est elle, désormais, la principale porte-parole de la cause de l’Australien. En janvier, la justice britannique, invoquant sa détresse psychique, a refusé d’extrader Assange vers les Etats-Unis où, pour avoir publié des centaines de milliers de documents confidentiels, il est accusé d’espionnage et risque jusqu’à 175 ans d’incarcération. Washington a fait appel. En attendant, lui est toujours dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, isolé et enfermé parmi des «criminels endurcis» alors même qu’«il ne purge aucune peine». «Je ne trouve même pas les mots», lâche Stella Moris. Les mots sont pourtant précis, réfléchis, le ton posé, affects tenu