La fin du factchecking chez Meta aux Etats-Unis n’était pas la seule mesure dangereuse dévoilée par Mark Zuckerberg mardi. Outre le remplacement des services de vérification des informations par des «notes communautaires» sur Facebook, Instagram, Threads, le PDG du géant du web a aussi annoncé un assouplissement des règles concernant les contenus haineux sur ses réseaux sociaux.
«Nous allons simplifier nos règles et nous débarrasser d’un tas de restrictions concernant des sujets comme l’immigration et le genre», a-t-il proclamé. L’objectif avancé par le magnat de la tech : «Revenir à nos racines en matière de liberté d’expression».
Mark Zuckeberg base principalement son argumentaire sur la volonté de «réduire fortement le degré de censure sur nos plateformes». «Ce qui avait débuté comme un mouvement pour être plus inclusif est de plus en plus utilisé pour censurer des opinions et des gens avec des idées différentes», a-t-il prétendu. Accessoirement, le patron de Meta entend aussi «réduire le nombre de publications et de comptes bannis par accident».
Le chef d’entreprise s’en est également pris à l’administration Biden dans sa vidéo de mardi, assurant que «durant ces quatre dernières années, le gouvernement américain a poussé pour plus de censure». L’Union européenne a aussi subi son lot de critiques : «L’Europe a de plus en plus de lois institutionnalisant la censure», a-t-il affirmé.
«Meta donne le feu vert pour cibler les personnes LGBT»
Au lendemain de la déclaration du boss, de premiers changements dans les règles de modération ont déjà été mis en place, relève ce mercredi 8 janvier le site américain The Verge. Il est toujours interdit d’écrire des messages haineux ou discriminants par rapport à la religion, les origines, l’identité sexuelle de quelqu’un, mais il est dorénavant autorisé de qualifier les personnes homosexuelles et transgenres de «malades mentaux» ou de parler des femmes comme d’«objets ménagers».
Ces changements inquiètent les associations américaines féministes et de défense des personnes LGBT+. Dans un communiqué, Sarah Kate, la présidente de l’association pro-LGBTQ Glaad, affirme que «Meta donne le feu vert à des personnes pour cibler les personnes LGBTQ, les femmes, les immigrants et d’autres groupes marginalisés avec de la violence, du vitriol et des récits déshumanisants.»
Le milliardaire se justifie en promettant que la future modération se concentrera davantage sur les contenus «illégaux et les plus graves». Il reste cependant encore beaucoup de travail à ce sujet. Un rapport publié ce mercredi par l’organisation à but non lucratif AI Forensics documente la présence de milliers de publicités pornographiques sur Facebook et Instagram approuvé par la filière pub de Meta en 2024.
Récit
Mais ces annonces traduisent surtout la mise au pas de Mark Zuckerberg et plus largement de la Sillicon Valley par Donald Trump. Elon Musk, propriétaire de X, est devenu l’un des plus proches collaborateurs du nouveau président américain. Tim Cook, PDG d’Apple, va verser un million de dollars (970 000 euros) de sa fortune personnelle pour cofinancer la cérémonie d’investiture de Donald Trump le 20 janvier. Mark Zuckerberg a déjà multiplié les gestes : il a dîné en novembre avec lui à Mar-a-Lago, fait également un don d’un million de dollars pour le fonds finançant la cérémonie et a nommé plusieurs soutiens du républicain à des postes élevés dont Dana White, le patron de l’UFC, au conseil d’administration de Meta.
Sans surprise, les annonces de Zuckerberg ont été accueillies très chaleureusement par le président élu. Donald Trump s’est même permis de tirer la couverture à lui, en assurant que le patron de Meta avait «probablement» pris cette décision à la suite des nombreuses menaces que le républicain avait formulées à son encontre.
Il est bien loin le temps où Meta lançait son programme de factchecking en 2016 après l’élection de Donald Trump ou encore quand l’entreprise bannissait le président de ses plateformes après l’attaque du Capitole en janvier 2021. Les boss de la tech marchent désormais dans l’ombre du président d’extrême droite.