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«Un signal d’alarme» : la santé mentale des enfants à un niveau inquiétant, en partie à cause des réseaux sociaux, selon un rapport

La crise de la santé mentale chez les enfants, étayée par des chiffres troublants, est exacerbée par «l’expansion incontrôlée» des réseaux sociaux, selon un rapport du groupe de droits des enfants KidsRight publié ce mercredi 11 juin.
Selon l'étude, l'utilisation problématique des réseaux sociaux est passée de 7 à 11% chez (Annette Riedl/DPA. AFP)
publié le 11 juin 2025 à 13h23

Une question de timing. Pendant qu’Emmanuel Macron annonce l’interdiction des réseaux sociaux aux enfants de moins de 15 ans d’ici à «quelques mois», un rapport du groupe de droits des enfants KidsRight paru ce mercredi 11 juin, établit que la santé mentale des enfants culmine à des niveaux inquiétants, en corrélation avec «l’expansion incontrôlée» de ces mêmes réseaux sociaux.

Selon les recherches menées par le groupe amstellodamois et l’université Erasmus de Rotterdam, plus de 14 % des 10-19 ans dans le monde entier connaissent des problèmes de santé mentale, avec un taux de suicide global moyen de 6 pour 100 000 adolescents âgés entre 15 et 19 ans. «Le rapport de cette année est un signal d’alarme que nous ne pouvons plus ignorer», a déclaré dans un communiqué Marc Dullaert, fondateur et président de KidsRights. «La crise de la santé mentale de nos enfants a atteint un point de bascule, exacerbé par l’expansion incontrôlée des plateformes de réseaux sociaux qui donnent la priorité à l’engagement plutôt qu’à la sécurité des enfants», a-t-il poursuivi. Entre 2018 et 2022, l’utilisation problématique des réseaux sociaux chez les adolescents de 11, 13 et 15 ans dans 44 pays d’Europe, d’Asie centrale et du Canada est passée de 7 à 11 %.

Le KidsRight Index, rapport annuel conduit par la fondation, évalue le degré d’adhésion de 194 pays aux droits des enfants et dans quelle mesure les pays s’efforcent d’améliorer ces droits. Dans son rapport 2025, KidsRights a identifié une «corrélation troublante» entre la détérioration de la santé mentale des enfants et ce que l’organisation qualifie d’utilisation «problématique» des réseaux sociaux, à savoir une utilisation compulsive et addictive des réseaux qui a un impact négatif sur le fonctionnement quotidien de l’utilisateur.

L’Europe, région la plus exposée

Le manque de données sur la santé mentale des enfants constitue un problème majeur selon le rapport, et révèle un «besoin urgent» d’action coordonnée visant à se confronter à l’impact nocif de l’environnement numérique sur les enfants et adolescents. «Nous assistons à la lutte des gouvernements pour contenir une crise numérique qui est en train de remodeler fondamentalement l’enfance», a poursuivi Marc Dullaert, appelant à prioriser le bien-être des enfants plutôt que «les profits des entreprises».

Le rapport fait état de variations régionales importantes, citant l’Europe comme la région où les enfants de 13 ans sont les plus exposés au risque d’utilisation problématique des réseaux sociaux, à hauteur de 13 %, et où le niveau de dépendance numérique des jeunes de 15 ans est «sans précédent», avec 39 % d’entre eux en contact continu avec leurs amis via les réseaux.

Soutenue par la France et l’Espagne, la Grèce a proposé la semaine dernière lors d’une réunion ministérielle à Luxembourg d’encadrer l’utilisation des plateformes en ligne par les enfants, face aux inquiétudes concernant leur caractère addictif. En février, la mini-série Adolescence de Netflix avait révélé notamment les influences toxiques et misogynes auxquelles sont exposés les jeunes en ligne, poussant les gouvernements britannique et français à vouloir incorporer le visionnage du programme dans les écoles.

Adolescence «a mis en lumière les préoccupations mondiales concernant la représentation et la protection des enfants sur les plateformes numériques - mais nous avons besoin d’action, pas seulement d’indignation», a conclu Marc Dullaert. Le vœu d’Emmanuel Macron de leur interdire l’accès aux réseaux sociaux, quelle que soit l’issue des négociations européennes susmentionnées, y répondra-t-il ?