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Libération
Accords commerciaux

Vers un giga-contrat entre l’Italie et SpaceX d’Elon Musk pour des télécommunications sécurisées

Moyennant 1,5 milliard d’euros, l’entreprise américaine pourrait fournir une gamme complète de services de cryptage au gouvernement de la dirigeante d’extrême droite transalpine, a rapporté Bloomberg. La polémique enfle en Italie.
Giorgia Meloni au côté d'Elon Musk lors de la soirée des "Global Citizen Award 2024" à New York, le 23 septembre 2024. (Zuma Press/Bestimage)
publié le 6 janvier 2025 à 12h48

La dirigeante italienne d’extrême droite Giorgia Meloni cultive ses bonnes relations avec la nouvelle administration Trump et plus particulièrement avec son conseiller spécial Elon Musk. Au lendemain de la visite surprise de la présidente du Conseil italien samedi 4 janvier à Mar-a-Lago, dans le QG floridien du futur président, Bloomberg a rapporté dimanche 5 janvier au soir les pourparlers en cours entre Rome et SpaceX.

L’entreprise du milliardaire américain devrait fournir à l’exécutif transalpin des services de cryptages pour internet et la téléphonie. Un contrat estimé à 1,5 milliard d’euros, qui contient également des services de communication pour l’armée italienne dans la région méditerranéenne ainsi que le déploiement de services de satellites pour les situations d’urgence en cas d’attaque terroriste ou de catastrophe naturelle en Italie.

Les discussions sur ce contrat, qui étaient jusqu’alors bloquées, seraient à présent à un stade avancé selon le média américain mais l’accord qui devrait porter pour une durée de cinq ans n’a toujours pas été signé. Le projet a cependant déjà été approuvé par les services de renseignements italiens ainsi que par le ministère de la Défense, précise Bloomberg.

La perspective de ce contrat a provoqué une levée de boucliers dans l’opposition. Elly Schlein, la cheffe du Parti démocrate, le principal parti d’opposition de centre gauche, a réagi ce lundi en exigeant que «Meloni et son gouvernement rendent compte immédiatement des discussions avec Musk». «Si 1,5 milliard d’euros de l’argent des Italiens pour utiliser les satellites du milliardaire américain dans notre pays est le prix à payer pour son amitié, nous ne sommes pas d’accord», a-t-elle dénoncé.

Dans la foulée, le gouvernement a publié un communiqué visant à «démentir que des contrats aient été signés ou que des accords aient été conclus entre le gouvernement italien et la société SpaceX pour l’utilisation du système de communications satellitaires Starlink». L’exécutif a tout de même reconnu que des négociations étaient en cours : «Les discussions avec SpaceX rentrent dans le cadre des approfondissements que les organes de l’État ont avec des sociétés, dans ce cas avec celles s’occupant de connexions protégées». En revanche, les services de Giorgia Meloni nient «catégoriquement» les informations affirmant que le contrat avec SpaceX a été «abordé durant la rencontre avec le président élu Donald Trump».

Elon Musk lorgne sur la politique européenne

Reste que la rencontre entre Giorgia Meloni et Donald Trump dans son complexe hôtelier de Floride semble avoir été productive. Le président élu a qualifié son homologue de «femme fantastique qui a conquis l’Europe» tandis que la présidente du Conseil s’est félicitée d’«une belle soirée avec Donald Trump que je remercie pour l’accueil». «Prêts à travailler ensemble», a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux en publiant une photo de leur rencontre.

Elon Musk, pour sa part, s’est dit «prêt à fournir à l’Italie les connexions les plus perfectionnées et les plus sûres», dans un message publié ce lundi sur son réseau social X. Le patron milliardaire de SpaceX est devenu un interlocuteur régulier et privilégié de la dirigeante d’extrême droite. Fin septembre, Elon Musk avait remis à New York le prix du «Global Citizen Award» à Giorgia Meloni lors d’une cérémonie organisée par un think tank américain. Il n’avait pas tari d’éloges à son égard, la qualifiant de «personne authentique, honnête, sincère». «Je remercie Elon pour les belles paroles qu’il a eues pour moi, et pour son génie précieux pour l’époque dans laquelle nous vivons», avait répondu Meloni.

Une proximité avec la cheffe de l’exécutif italien qui témoigne de l’intérêt croissant du PDG de SpaceX et de Tesla pour la politique européenne. Elon Musk s’est récemment illustré par ses attaques virulentes envers le Premier ministre britannique, Keir Starmer, au sujet de l’immigration. Il a aussi apporté son soutien à l’AFD, le parti d’extrême droite allemand, en amont des élections législatives anticipées prévues fin février.

De son côté, SpaceX entretient déjà des liens avec le gouvernement américain, en collaborant avec la Nasa et l’armée. L’entreprise privée a par exemple déjà un rôle primordial dans le programme Artemis, qui prévoit le retour d’astronautes sur la Lune d’ici 2027.

La firme de Musk a également conclu un accord avec la défense américaine pour déployer Starshield, des constellations de satellites sur le même modèle que celui de Starlink, qui fournit un accès à internet à travers le monde. Mais cette fois, ce seront des satellites espions afin de surveiller les mouvements au sol n’importe où sur la planète.

Mis à jour : à 16h31, avec la réaction d’Elon Musk, d’Elly Schlein et du gouvernement italien.