Le réseau social X (anciennement Twitter) a tenté de jouer la carte du consentement par défaut auprès de ses usagers et ce n’est pas passé. La plateforme est visée par des plaintes dans neuf pays européens pour son utilisation «illégale» des données personnelles des internautes pour entraîner son programme d’intelligence artificielle, Grok, selon un communiqué de l’association Noyb publié lundi.
X «n’a jamais informé ses utilisateurs de manière proactive que leurs données personnelles étaient utilisées pour entraîner sa technologie d’IA Grok», déplore l’ONG viennoise, bête noire des géants de la tech, qui a déjà fait reculer Meta en juin sur le même sujet. «Il semble que la plupart des gens aient découvert le nouveau paramètre par défaut» grâce au message d’un utilisateur le 26 juillet, s’indigne l’organisation, qui demande aux différents régulateurs nationaux une «procédure d’urgence».
«Twitter vient d’activer un paramètre par défaut qui leur donne le droit d’utiliser vos données pour entraîner Grok, ils ne l’ont jamais annoncé, mais c’est possible de le désactiver sur le web», expliquait ainsi l’internaute EasyBakedOven, dans une publication relayée plus de 80 000 fois. L’option dénoncée permettait par exemple «à vos posts ainsi qu’à vos interactions […] d’être utilisés à des fins de formations et d’ajustement» de l’intelligence artificielle de X. Elle peut être désactivée dans les paramètres de X, dans la section «confidentialité et sécurité», puis «Grok».
La volonté d’une «enquête complète»
Noyb a déposé des plaintes en Autriche, Belgique, France, Grèce, Irlande, Italie, Espagne, Pologne et aux Pays-Bas pour contraindre le réseau social à respecter les droits de ses plus de 60 millions d’utilisateurs en Europe. L’organisation a également annoncé prendre acte de l’annonce d’une suspension par le réseau d’Elon Musk de l’utilisation des données personnelles après un accord trouvé avec la Commission irlandaise pour la protection des données (DPC), qui agit au nom de l’Union européenne.
Mais l’association réclame «une enquête complète», pour «s’assurer que Twitter (l’ancien nom du réseau X) respecte pleinement» le règlement sur la protection des données (RGPD), qui requiert le consentement des internautes. «Il semblerait que la DPC n’ait pas remis en cause la légalité du processus en lui-même […] et ne s’attaque pas au cœur du problème», écrit le directeur de Noyb, Max Schrems, cité dans le communiqué.
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L’association, dont l’acronyme se réfère à «None of your business» (signifiant en anglais «Ce ne sont pas vos affaires»), est à l’origine de nombreuses plaintes contre les géants du web. Rien que dans le cas de Meta, ses actions ont conduit à «des amendes administratives de plus de 1,5 milliard d’euros», rappelle-t-elle. Le géant américain des réseaux sociaux (Facebook, Instagram), visé par des plaintes de Noyb dans 11 pays européens, avait dû suspendre en juin son projet d’utilisation des données personnelles de ses utilisateurs dans un programme d’IA.