Jamais le client n’a autant été roi. Surtout quand, comme la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), on a un seul client et qu’il s’appelle Renault. Ce vendredi, le tribunal de commerce de Toulouse qui examinait une offre de reprise de l’entreprise de 346 salariés a reporté sa décision, dans l’attente d’une clarification de la position du groupe automobile. Ce dernier a jusqu’à mercredi 24 novembre pour faire savoir s’il choisit ou non de soutenir la seule offre de rachat de cette fonderie de Viviez, près de Rodez, qui fournit notamment en pièces la Renault Zoé et des voitures hybrides. Faute de réponse positive, l’activité s’arrêtera le 10 décembre. A la sortie du tribunal, Ghislaine Gistau, déléguée syndicale CGT de l’usine, a fait part de sa «colère», dénonçant «un délai trop court pour négocier». Tout en pressant l’Etat, actionnaire minoritaire de Renault, de faire en sorte «que ce soit tout de même possible».
Soutien prudent de Bercy
Déposée hier, en dernière minute, la lettre d’intention de reprise n’émane pas d’un inconnu, mais du PDG du groupe Alty, Patrick Bellity, ex-directeur de l’usine SAM de Viviez jusqu’en 2016. Jeudi soir, Bercy a apporté à cette candidature son soutien «prudent» : une aide d’un million d’euros issu du plan France Relance et un prêt de 4,7 millions d’euros garanti par l’Etat. La région Occitanie complète la mise avec 900 000 euros de subventions et un prêt de 2,4 millions sur six ans. Au total, 9 millions d’euros, presque la somme qui manquait au printemps lors du premier tour de table pour trouver un repreneur.
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A l’époque, l’Etat misait sur un autre candidat : la multinationale espagnole CIE, qui ne proposait de reprendre que 200 personnes. Inacceptable pour les salariés qui, fort de leur mobilisation, obtenaient le 5 mai que Renault s’engage à fournir 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, de quoi assurer le maintien de 250 emplois durables. Dans la foulée, fin juin, les salariés obtenaient le retrait de l’offre de CIE. Ne restaient alors en lice que deux groupes de plus petite échelle. Le premier, Trinquier, a rapidement jeté l’éponge. Le second, Alty, bien qu’ayant la faveur des salariés et des élus locaux, a alors été écarté pour son manque de solidité financière. Avant de revenir à la charge cette semaine.
«A la hauteur des responsabilités»
Pour l’heure, Renault n’a pas communiqué, ni sur le maintien de ses engagements passés, ni sur l’offre de Patrick Bellity. Ce dernier estime que «c’est déjà une bonne nouvelle que la liquidation n’ait pas été prononcée», y voyant la preuve de la solidité de son projet. A Renault désormais de «bien vouloir permettre que cette fonderie puisse vivre». Jeudi, le ministère chargé de l’Industrie a fait savoir qu’il ne s’immiscerait pas dans «les décisions de gestion» du constructeur automobile. Le 16 octobre, toutefois, Bercy, dans un courrier, sommait toutefois la marque au losange d’être «à la hauteur de ses responsabilités». Réunis en Assemblée générale, ce vendredi, les salariés ont de leur côté voté la grève à partir de lundi.