Le Lesotho, pays le plus touché par les droits de douane, va envoyer une délégation aux Etats-Unis. Le Lesotho a annoncé ce jeudi l’envoi «en urgence» d’une délégation gouvernementale aux Etats-Unis pour plaider sa cause après l’imposition de droits de douane de 50 % sur ses exportations aux Etats-Unis, les plus élevés annoncés pour une seule nation. D’autres pays africains ont été visés par des «tarifs réciproques» bien au-dessus du nouveau taux plancher de 10 % décrété par Washington : 47 % pour Madagascar, 40 % pour l’île Maurice, 37 % pour le Botswana, 30 % pour la Guinée équatoriale et 30 % pour l’Afrique du Sud. Mais c’est le Lesotho, pays entièrement enclavé dans l’Afrique du Sud, qui est en tête de la liste des nombreux pays frappés par les droits de douane additionnels massifs présentés mercredi par Donald Trump. Le produit intérieur brut (PIB) du Lesotho (2 milliards de dollars annuels) dépend fortement de ses exportations de produits textiles, notamment de jeans.

Un vent de n’importe quoi ? Les droits de douane ont-ils été décidés n’importe comment ? Alors que les procès en incompétence se cumulent contre l’administration américaine, des images de manchots pullulent sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’équipe Trump a décidé d’imposer des droits de douane de 10 % aux îles Heard-et-McDonald, un archipel situé au large de l’Antarctique et faisant partie des territoires extérieurs australiens. Le territoire a pour caractéristique de ne pas être habité par l’être humain, au profit de manchots. Et de ne présenter évidemment aucun échange commercial avec les Etats-Unis.

Valls tape sur les droits de douane. Un «cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence», a réagi jeudi le ministre des Outre-mer après l’annonce des droits de douane, qui frappent spécifiquement les départements et territoires ultramarins hexagonaux, taxés différemment du territoire métropolitain. «L’intention initiale de taxer différemment les territoires ultramarins est profondément politique. […] La baisse des droits de douane est un héritage de la paix. Cette décision rappelle les erreurs des Etats-Unis dans les années 20 et 30.»

Le pétrole en forte baisse. Les cours du pétrole ont terminé en forte baisse jeudi, au lendemain de l’annonce de la nouvelle étape de l’offensive commerciale de Donald Trump, qui a décidé d’imposer des droits de douane massifs sur les produits importés aux Etats-Unis. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en juin, a perdu 6,42 % à 70,14 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en mai, a reculé de 6,64 % à 66,95 dollars.

Meloni pas fan des représailles. «Il faut ouvrir une discussion franche sur le fond avec les Américains, avec selon moi l’objectif d’arriver à supprimer les droits de douane, pas de les multiplier», a affirmé la présidente du conseil italien jeudi soir. «Nous avons évidemment un problème, mais ce n’est certainement pas la catastrophe évoquée par certains», a-t-elle estimé, après s’être engagée à «réaliser une étude sur l’impact réel secteur par secteur».

La dirigeante d’extrême droite a par ailleurs dénoncé «les droits de douane que l’Union européenne s’est imposée à elle-même», elle a appelé à une remise en cause des «règles idéologiques» du Pacte Vert, le plan ambitieux de l’UE en matière de climat visant à la neutralité carbone d’ici à 2050 -, en invoquant les dommages subis par l’industrie automobile, frappée par des droits de douane américains de 25 %. Elle a également jugé que «peut-être à ce stade une révision du pacte de stabilité serait nécessaire».

La Une de Libé du 4 avril.

Trump optimiste. Après l’annonce de hausses de droits de douane en bataille tout le long de la journée et de ripostes de la part des pays visés, le président américain fait comme si de rien n’était. «Les marchés vont bondir» et «le pays va bondir», a assuré le président américain, juste avant de quitter la Maison Blanche pour la Floride (sud), où il doit donner un dîner dans l’un de ses clubs de golf.

Infographie.

L’Asie, continent le plus durement touché. Pas de cadeau. Ni les ennemis ni les amis des Etats-Unis et de l’administration Trump n’ont été épargnés par l’annonce, mercredi 2 avril, de nouveaux droits de douane. A commencer par ses plus fidèles alliés japonais et sud-coréens, et son partenaire technologique et stratégique taïwanais, avec lesquels Washington entretient pourtant des liens commerciaux et défensifs, historiques et politiques de première importance. Notre état des lieux.

Pour les Américains, une «douleur» temporaire mais inévitable, concède J.D. Vance. Prenant la parole ce jeudi après-midi chez ses amis de l’émission Fox & Friends de la chaîne conservatrice Fox News, le vice-président américain, J.D. Vance, a avoué que les nouveaux droits de douane pourraient potentiellement infliger aux Américains une «douleur» temporaire mais inévitable. Il a néanmoins insisté sur le fait que les Etats-Unis avaient besoin d’un «grand changement» car «nous ne pouvions pas continuer à suivre la voie mondialiste de Joe Biden, où nous avons 2 000 milliards de dollars de dettes et de déficits en temps de paix. Notre industrie manufacturière est en train de disparaître», a également avancé Vance. Le vice-président s’est par ailleurs adressé aux Américains vivant des fins de mois difficiles. Ils «ne verront pas leur situation s’améliorer du jour au lendemain», l’équipe Trump devant avant tout, selon lui, «réparer les dégâts infligés par l’administration Biden».

La pharmacie, le bois et les semi-conducteurs seront aussi bientôt concernés par les hausses des droits de douane, affirme Emmanuel Macron. Dans la salve de droits de douane décrétés par Donald Trump, mercredi soir, certains produits bénéficient d’une exemption. Comme l’expliquait Libération ce jeudi, il s’agit du cuivre, des produits pharmaceutiques, des semi-conducteurs (des composants clés pour toute l’industrie de haute technologie), du bois de charpente, ainsi que des lingots ou encore des «minerais qui ne sont pas disponibles aux Etats-Unis». Mais cet état de fait est-il amené à durer ? Si l’on en croit Emmanuel Macron, non. Alors qu’il réunissait ce jeudi les représentants des grandes filières exportatrices et du patronat, le Président a affirmé que les secteurs de la «pharmacie, bois [de charpente] et semi-conducteurs» seront bientôt concernés. «Des annonces vont suivre», a déclaré Macron, ajoutant que ces droits de douane seront «vraisemblablement au moins à 25 %». Sollicités par Libération dans la foulée de ces déclarations, l’Elysée et Bercy sont plus prudents sur les contours de nouvelles sanctions, pas encore officialisées. Mais l’agence Bloomberg va dans le même sens que le président français et affirme que ces produits seront bientôt aussi taxés à des taux bientôt déterminés par Washington. Par Jean-Baptiste Chabran

L’ex-ministre Roland Lescure propose de ratifier l’accord de libre-échange avec le Canada. «Il faut ratifier le Ceta, c’est le moment. Il faut qu’on fédère autour d’alliés qui pensent comme nous.» L’ancien ministre macroniste de l’Industrie Roland Lescure veut envoyer un message fort en réponse à la hausse massive des droits de douane décidée par Trump, notamment à l’encontre de l’Union européenne. Comment ? Et signant l’accord controversé de libre-échange avec le Canada – en mars 2024, une alliance gauche-droite au Sénat s’était opposée au traité. «Les Canadiens ont fait un choix courageux, il faut qu’on se rapproche. C’est aussi ce que demandent les Français qui habitent au Canada. Si on ne fait pas de libre-échange avec le Canada dites-moi avec qui est-ce qu’on va le faire ?» a argué Roland Lescure.

Les mesures douanières pourraient réduire d’environ 1 % le commerce de marchandises en volume cette année selon l’OMC. Les droits de douane imposés depuis janvier par l’administration Trump pourraient réduire d’«environ 1 %» le commerce de marchandises en volume cette année, a annoncé jeudi la cheffe de l’OMC, dans une rare prise de parole à ce sujet. «Je suis profondément préoccupée par cette baisse et par le potentiel d’escalade vers une guerre tarifaire avec un cycle de mesures de représailles qui mènerait à de nouvelles baisses des échanges de marchandises», a déclaré Ngozi Okonjo-Iweala, dans un communiqué.

64 % des Français souhaitent une réponse ferme de l’Europe à Trump. En réaction à l’augmentation des droits de douane, près de deux Français sur trois (64 %, précisément) souhaitent que l’Europe réponde «de manière ferme» et réciproque, en imposant des droits de douane similaires sur les produits américains, révèle un sondage Elabe pour Les Echos. Inversement, ils ne sont que 34 % à favoriser la voie de la négociation avec les Etats-Unis «pour éviter l’escalade et une guerre commerciale, quitte à céder sur certains aspects».

Le Brésil prendra «toutes les mesures appropriées» pour se «défendre». Le président brésilien Lula a annoncé jeudi que «toutes les mesures appropriées» seraient prises pour «défendre les entreprises et les travailleurs» du pays sud-américain, visé par l’imposition de 10 % de droits de douane par les Etats-Unis. «Nous défendons le multilatéralisme et le libre-échange, et nous répondrons à toute tentative d’imposer un protectionnisme qui n’a plus sa place dans le monde», a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva lors d’une cérémonie officielle à Brasilia.

Macron appelle à suspendre les investissements aux Etats-Unis avant toute clarification. Emmanuel Macron a appelé jeudi les entreprises françaises engagées aux Etats-Unis à y suspendre tous leurs projets d’investissements jusqu’à ce que l’annonce de Donald Trump sur une hausse massive des droits de douane à l’encontre de l’Union européenne soit «clarifiée». «Ce qui est important, c’est […] que les investissements à venir ou annoncés ces dernières semaines soient un temps suspendus tant qu’on n’a pas clarifié les choses avec les Etats-Unis d’Amérique», a lancé le Président lors d’une réunion avec les représentants des filières françaises les plus touchées par les mesures tarifaires annoncées. Car «quel serait le message d’avoir des grands acteurs européens qui se mettent à investir des milliards d’euros dans l’économie américaine au moment où ils sont en train de nous taper», a-t-il insisté.

L’annonce de Trump va avoir un «impact massif» sur l’économie européenne estime Macron. Emmanuel Macron a dénoncé jeudi une «décision brutale et infondée» après les droits de douane annoncés mercredi par Donald Trump, «des mesures d’une extrême gravité pour l’économie européenne». «Une chose est sûre, avec les décisions de cette nuit, l’économie américaine et les Américains, qu’il s’agisse des entreprises ou des citoyens, sortiront plus faibles qu’hier, et plus pauvres», a également déclaré le président français, qui a appelé les Européens à «rester unis», lors d’une réunion à l’Élysée de dirigeants de filières affectées par ces droits de douane.

Patatras pour les fleurons de la tech américaine. Après l’annonce des droits de douane de Donald Trump, les valeurs technologiques chutent à la Bourse de New York ce jeudi. Vers 16 heures, le Nasdaq, indice à forte coloration technologique, lâchait 4,41 %. Plusieurs géants du secteur plongeaient face aux craintes d’une addition plus lourde pour leur chaîne d’approvisionnement : Apple (-9,10 %), Nvidia (-5,45 %), Dell (-16,96 %) ou encore Broadcom (-6,03 %)

La présidente du Mexique satisfaite de l’absence de droits de douane réciproques avec les Etats-Unis. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a estimé jeudi que la décision de son homologue américain Donald Trump de ne pas appliquer de droits de douane réciproques avec le Mexique était quelque chose de «bon» pour son pays. «C’est bon pour le Mexique», a dit la cheffe d’Etat lors d’une conférence de presse. Elle a précisé que cette décision était due à «la bonne relation» que son gouvernement avait construite avec l’administration américaine.

Wall Street chute à l’ouverture. La Bourse de New York a chuté à l’ouverture jeudi, au lendemain de l’offensive commerciale massive lancée par Donald Trump, qui fait craindre un ralentissement de l’économie américaine et un rebond de l’inflation dans le pays. Dans les premiers échanges, le Dow Jones a reculé de 2,81 %, l’indice Nasdaq a plongé de 4,60 % et l’indice élargi S & P a chuté de 3,39 %.