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Libération
Mieux vaut tard

EPR de Flamanville : le chargement du combustible nucléaire commence, première étape de la mise en route

EDF annonce ce mercredi 8 mai le début du démarrage progressif de la production d’électricité dans son réacteur nucléaire nouvelle génération, après le feu vert de l’autorité de sûreté nucléaire la veille. Il devrait être raccordé au réseau électrique cet été.
L'intérieur de l'EPR de Flamanville, le 14 juin 2022. (Sameer Al--Doumy /AFP)
publié le 8 mai 2024 à 19h47

Après douze ans de retard, le réacteur nucléaire de nouvelle génération de Flamanville franchit la première étape de sa mise en route. «Les équipes d’EDF ont débuté le chargement des assemblages du combustible dans la cuve du réacteur le 8 mai 2024 à 14 heures», annonce le groupe ce mercredi 8 mai. Il signe le coup d’envoi des opérations de démarrage et d’essais avant un raccordement effectif du réacteur pressurisé européen (EPR) normand au réseau électrique est prévu à l’été. Le réacteur de 1 600 MW sera le plus puissant du parc nucléaire français, qui en comptera désormais 57.

L’annonce survient au lendemain du feu vert donné par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour la mise en service de ce réacteur. Le chargement des 241 assemblages d’uranium «durera plusieurs jours». «EDF poursuivra les opérations de démarrage, contrôle et essais, sur plusieurs mois, en lien étroit avec et sous le contrôle de l’ASN», précise l’électricien. Le président Emmanuel Macron envisage de se déplacer dans la ville normande pour l’occasion : sa venue serait prévue à la mi-mai, selon une source proche du dossier - sans confirmation officielle à ce stade.

Lancée en 1992 comme le fleuron de la technologie nucléaire, sur une collaboration initiale franco-allemande, l’EPR a été conçu pour relancer l’atome en Europe après la catastrophe de Tchernobyl de 1986, en promettant une sûreté et une puissance accrues. Mais à l’instar du premier chantier d’EPR, lancé à Olkiluoto (Finlande) en 2005, celui de Flamanville démarré en 2007 aura connu une succession de déboires : fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l’acier de la cuve, défauts de soudures… Le chantier aura donc duré 17 ans. 600 inspections de l’ASN ont été menées dans ce laps de temps.

Des EPR ont déjà été inaugurés, deux en Chine puis celui d’Olkiluoto, mais les prochains réacteurs qu’EDF compte édifier en France et en Europe seront des EPR2, une version simplifiée.

«Volonté du gouvernement»

Le raccordement au réseau électrique (le «couplage») du réacteur de Flamanville interviendra toutefois dans plusieurs mois, une fois que le réacteur aura atteint 25 % de sa puissance. Ce n’est qu’en «fin d’année» que le réacteur devrait livrer ses électrons à 100 %. D’ici là, le groupe devra encore solliciter trois avis du gendarme nucléaire : «avant de démarrer la réaction nucléaire» (une étape qui peut prendre plusieurs semaines), au palier de puissance de 25 %, puis au palier de 80 %, détaille Julien Collet, le directeur général adjoint de l’autorité de sûreté.

Le réseau Sortir du Nucléaire juge quant à lui cette mise en service «hâtive». Il y voit «la volonté du gouvernement de démontrer que son EPR français peut fonctionner et que EDF est venu à bout de ce chantier catastrophique.»