C’était dans les tuyaux depuis un certain temps. Mais l’ampleur de la vente impressionne. En acquérant la filiale de services techniques d’Engie, Equans, pour 7,1 milliards d’euros, Bouygues a réalisé la plus grosse opération de son histoire. Après le retrait de Spie, deux autres compétiteurs étaient en lice : l’entreprise de BTP Eiffage et le fonds américain Bain Capital allié au financier Marc Ladreit de Lacharrière via sa holding Fimalac. Mais «l’offre de Bouygues était la mieux-disante au regard de l’ensemble des critères retenus par Engie, y compris sur le plan financier», a annoncé le géant français de l’énergie dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à ce samedi, à l’issue d’un conseil d’administration.
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La proposition de Bouygues «valorise 100% d’Equans à 7,1 milliards d’euros en valeur d’entreprise et réduira de 7 milliards d’euros la dette nette économique d’Engie», a-t-il ajouté. Equans génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 12 milliards d’euros et emploie 74 000 personnes dans le monde, dont 27 000 en France.
L’activité qui rassemblera Equans et le pôle Energies & Services de Bouygues représentera un chiffre d’affaires combiné d’environ 16 milliards d’euros et 96 000 salariés. Ce sera «le premier métier de Bouygues en termes de chiffre d’affaires et de nombre de collaborateurs», a de son côté indiqué le groupe de BTP dans un communiqué diffusé samedi.
Il s’y félicite de cette acquisition, qui permet une «accélération du développement […] dans le marché porteur des services multitechniques, à la convergence des transitions énergétique, numérique et industrielle». L’opération est «la plus importante jamais réalisée» dans l’histoire de Bouygues, a précisé Olivier Roussat, son directeur général, cité dans le communiqué. La finalisation de la cession est attendue au second semestre 2022.
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Détenu à 23,64 % par l’Etat français, Engie avait lancé début septembre le processus de vente de sa filiale, sous l’œil vigilant du gouvernement à l’approche de la présidentielle. La direction d’Engie avait expliqué que, pour faire son choix, elle allait prendre en compte «la solidité du projet industriel et la qualité du projet social contenues dans ces offres», ainsi que «la valorisation proposée».
«Nous sommes vigilants sur l’emploi, les enjeux de souveraineté et l’identité des futurs repreneurs», avait indiqué de son côté l’entourage du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Bercy se dit par ailleurs d’accord sur le fond avec la stratégie d’Engie visant à se concentrer sur les énergies renouvelables et les réseaux.
«Etape majeure» selon Bouygues
Les syndicats d’Engie s’étaient, eux, inquiétés de licenciements à venir, un rachat par Bouygues pouvant entrainer «des doublons sur une centaine d’agences et sur environ 1 800 salariés», selon la CGT. «Bouygues s’est engagé à ne mettre en œuvre aucun plan de départs contraints en France et en Europe pendant une durée de cinq ans à compter de la réalisation de l’opération, et à la création nette de 10 000 emplois sur cinq ans», a souligné Engie dans son communiqué. Bouygues ajoute prévoir d’aligner progressivement les avantages sociaux des employés d’Equans «sur ceux actuellement proposés par le groupe Bouygues».
Les compétiteurs avaient jusqu’à cette semaine pour transmettre leurs offres fermes, qui ont été étudiées vendredi soir par le conseil d’administration d’Engie. Entité créée en vue d’une scission des activités de services techniques du géant de l’énergie, Equans regroupe les activités de climatisation, chauffage et ventilation, électricité, numérique, mécanique, services généraux, etc...
Dès la fin août, Bouygues avait annoncé être intéressé par son rachat. «Géographiquement, les marchés d’Equans, Europe et Etats-Unis, correspondent aux endroits où l’on souhaite se développer», avait alors argumenté Olivier Roussat. La directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, s’est dite «très fière de ce qu’Engie a réalisé en quelques mois, grâce à l’engagement extraordinaire des équipes».
«Il s’agit d’une étape majeure dans la mise en œuvre de notre stratégie visant à simplifier notre groupe et à accélérer nos investissements dans nos métiers clés, notamment dans les énergies renouvelables», a-t-elle souligné.