Dans la guerre commerciale déclarée par Donald Trump au monde entier, le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a incité les entreprises françaises à faire preuve de «patriotisme», ce vendredi 4 avril dans la matinale BFMTV /RMC. Alors que s’engagent d’âpres négociations avec les Américains sur les droits de douane, «il est clair que si une grande entreprise française acceptait d’ouvrir une usine aux Etats-Unis, ce serait donner un point aux Américains», a-t-il précisé.
Cette déclaration d’Eric Lombard s’inscrit dans la foulée de celle du président Emmanuel Macron, qui avait appelé jeudi les entreprises françaises à suspendre leurs investissements outre-Atlantique.
Récit
Concernant la riposte européenne qui se prépare, Eric Lombard a averti qu’elle pourrait aller «au-delà des droits de douane». «On va riposter sur un ensemble de produits sur lequel on ne risque pas de désorganiser l’échelle de valeur en Europe», a précisé le ministre. «La riposte peut être très vigoureuse et il ne faut pas qu’on riposte exactement avec les mêmes armes, parce que si on fait comme les Etats-Unis […], on va avoir aussi un effet négatif en Europe», avec inflation et baisse de la croissance, a-t-il souligné.
Selon Eric Lombard, la riposte doit être «proportionnée» et «nous conduire à la table de négociation», laquelle se fait «d’égal à égal», l’économie européenne étant une «des plus puissantes du monde». «Nous avons tout à fait les moyens de négocier […] pour obtenir un désarmement des mesures annoncées le plus rapidement possible. Le dialogue se poursuit en permanence», a poursuivi le locataire de Bercy.
«Pas de coup de rabot à la dépense publique»
Le ministre de l’Economie a par ailleurs assuré qu’il n’y aurait cette année «pas de coup de rabot supplémentaire à la dépense publique» en cas de ralentissement économique en raison des droits de douane massifs annoncés par les Etats-Unis.
En cas d’accord négocié avec Washington, «on peut encore avoir une année […] de croissance, certes modérée mais positive». Dans le cas contraire, «on sera, en termes de situation économique, dans une autre situation beaucoup plus difficile», a-t-il ajouté.
Alors que la Banque de France a abaissé de 0,2 point, à 0,7 %, sa prévision de croissance pour 2025, Eric Lombard avait annoncé mardi que le gouvernement allait fixer prochainement «un nouvel objectif», sa prévision actuelle de 0,9 % étant obérée par des «nuages» pour l’économie.
Cette révision pourrait intervenir le 15 avril, jour d’une conférence sur les finances publiques prévue autour du Premier ministre, François Bayrou.