Elles ont cru pouvoir nous prendre pour des jambons. Trois entreprises de vente de charcuterie font l’objet de poursuites de la part du parquet de Créteil, après une enquête des agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Casa Ramon, ABG Holding et Comptoir du Pata Negra sont soupçonnées d’avoir utilisé des appellations valorisantes, comme «Bellota» ou «Pata negra», «pour des produits de charcuterie qui ne pourraient pas y prétendre», rapporte le gendarme de la concurrence.
Ces appellations qualitatives font référence à des produits réputés haut de gamme : le jambon Bellota tire son nom de l’alimentation du porc noir élevé sous des chênes, qui mange majoritairement des glands («bellotas» en espagnol), alors que l’appellation Pata negra désigne le jambon issu de porcs ibériques aux pattes et à la robe noire.
«Préjudice important aux intérêts des consommateurs»
Les trois entreprises, qui sont en réalité des centrales d’achat de produits alimentaires d’après les Echos, ont dans un premier temps refusé de payer des amendes transactionnelles, une procédure alternative aux poursuites pénales. Désormais, chacune d’elles s’expose «à une amende pouvant atteindre 1 500 000 euros, ce montant pouvant être porté à 10 % du chiffre d’affaires moyen annuel», précise l’autorité de la concurrence. Contactées par l’AFP, Casa Ramon et le Comptoir du Pata Negra n’ont pas réagi dans l’immédiat.
La DGCCRF pointe un possible «préjudice important aux intérêts des consommateurs pensant acheter des produits de qualité supérieure» si le tribunal venait confirmer ces pratiques. Et l’autorité a décidé de mettre un tour de vis cette année en intensifiant les contrôles, notamment sur les labels des produits alimentaires et les allégations trompeuses. En 2024, au total, les agents de la DGCCRF ont inspecté 64 979 établissements et sites Internet tous secteurs confondus. Ce qui a donné lieu à 2 356 amendes administratives et 3 447 transmissions au parquet, rapportent les Echos.
L’audience contre les trois sociétés poursuivies se tiendra devant la 9e chambre correctionnelle du tribunal correctionnel de Créteil le 5 janvier 2026.