Laura (1) connaît bien ses clients. Elle sait que chaque année, à quelques jours de la fête des mères, ils se pressent dans sa petite boutique d’artisan fleuriste à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) pour réserver des pivoines bien roses, bien rondes, bien parfumées. Et ça ne loupe jamais. Le bouquet de «Sarah Bernhardt», une variété couleur lait fraise, est aux plus de 20 ans ce que le collier de nouilles est pour les moins de 8. Un hit de la fête des mères qui garantit à nos génitrices un maximum de ravissement pour – il faut bien le reconnaître – un minimum d’efforts.
Sa saison, très courte, de mi-avril à fin juin, concorde parfaitement avec les festivités. «Tous les ans, il y a une période de tension très forte avec les pivoines autour de la fête des mères. Comme la date diffère selon les pays, la situation persiste pendant cinq à six semaines», précise Olivier, fleuriste dans le IXe arrondissement de Paris.
Cette année, c’est encore pire : quinze jours avant le jour fatidique en France, fixé ce dimanche, les fournisseurs ont commencé à alerter les fleuristes d’un risque de pénurie. «Sans compter le rôle de la grande distribution, qui a trusté une grande partie des pivoines disponibles grâce à ses capacités de commandes plus importantes. Les enseignes peuvent ainsi se permettre de les vendre beaucoup moins cher que les commerçants indépendants», complète Anaïs Renevier, journaliste et fleuriste à l’origine