A quoi reconnaît-on un banquier repenti ? Il donne rendez-vous à côté d’un hôtel Kyriad, loin des palaces du triangle d’or. Celui que l’on retrouve par un matin orageux dans un café parisien l’est doublement : repenti de la finance la plus rapace, puis de celle dite «durable». A l’heure où la France et l’Europe misent sur le verdissement des marchés, soudainement préoccupés par l’état du monde, il faut écouter ce Canadien de 45 ans aux joues glabres, biceps saillants dans un tee-shirt noir, débit mitraillette volontiers digressif. Tariq Fancy trimballe une intensité de pile électrique, quelque part entre le startupper et le comique de stand-up. Dans une vie antérieure, il fut un «big shot» à Wall Street.
Au début des années 2000, le prodige grimpe quatre à quatre les échelons de ce que la finance fait de pire, les «fonds vautour», qui planent au-dessus des sociétés en détresse, Etats en faillite et secteurs sinistrés, à l’affût des dernières gouttes de cash. «Ça m’a rendu allergique au bullshit», note-t-il. Il faudra s’en souvenir. Dix ans plus tard, à peine trentenaire, une première crise de vocation. Syndrome du «gosse fort en maths qui prenait deux bus pour aller à l’école» et qui, de bourses en promotions, s’est retrouvé sur le toit du monde sans jamais y avoir réfléchi. Le décès prématuré d’un collègue au