Bonne surprise pour l’économie française. La croissance économique de la France a atteint 0,5 % au troisième trimestre 2025 par rapport aux trois mois précédents, tirée par les exportations, selon une estimation provisoire de l’Institut national de la statistique qui dépasse sa prévision initiale. L’Insee anticipait une croissance de 0,3 % entre juillet et septembre dans la deuxième économie de la zone euro, comme au deuxième trimestre, après + 0,1 % au premier trimestre.
L’acquis de croissance, c’est-à-dire ce que serait la croissance annuelle si le PIB n’évoluait plus du tout en fin d’année, est de 0,8 % à la fin septembre. Et cette surperformance laisse augurer que la France dépassera la croissance de 0,7 % attendue par le gouvernement en 2025, surtout que l’Insee prévoyait dans sa note de conjoncture publiée en septembre une croissance de 0,2 % au quatrième trimestre, «soutenue ponctuellement par quelques branches échappant à l’atonie ambiante (énergie, agriculture, aéronautique, marché immobilier, tourisme)».
Avant de réviser son jugement à 0,7 %, le gouvernement Bayrou avait fixé en janvier un objectif de 0,9 % pour l’année actuelle, en ligne avec les prévisions publiées fin 2024 par la Banque de France et l’OCDE, mais au-delà de celles du FMI (0,8 % et Rexecode (0,5 %). «Le Haut Conseil estime que la prévision de croissance du PIB pour 2025 (+ 0,9 %), supérieure à celle du consensus des économistes (+ 0,7 %), est atteignable mais un peu optimiste au vu des indicateurs conjoncturels les plus récents», avait même estimé le Haut Conseil des finances publiques dans son avis rendu sur le projet de loi de finances déposé par Bayrou après son arrivée à Matignon. Le gouvernement est donc en passe de réussir son pari pour 2025, voire de le dépasser, ce qui aurait donc un impact positif sur les finances publiques. Si les hypothèses de l’Insee sont vérifiées, la France pourrait en effet glaner une croissance de 1 % en 2025, ce qui resterait en deçà de celles de 2024 et 2023 (1,1 %).
Le ministre de l’Economie, Roland Lescure, a, lui, salué «une performance remarquable», dans une réaction transmise à l’AFP : «Malgré les soubresauts politiques et les incertitudes internationales, nos entreprises investissent, exportent et font progresser le pays». «L’adoption rapide d’un budget qui préserve la confiance des entreprises et des ménages sera capitale pour maintenir cet élan», a-t-il ajouté.
Le succès de l’aéronautique à l’export
Malgré un environnement national instable et les tensions commerciales avec les Etats-Unis, l’économie française a bénéficié d’une accélération des exportations entre juillet et septembre, en particulier dans l’aéronautique. Les importations étant en repli, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB atteint 0,9 point.
Les investissements se sont redressés (+ 0,4 % après 0,0 %), tirés par ceux des entreprises (+ 0,9 %) tandis que les investissements des ménages ont reculé (-0,4 %). Pilier traditionnel de la croissance, la consommation des ménages a augmenté légèrement de 0,1 %, au même rythme que le trimestre précédent. La baisse de la consommation alimentaire est contrebalancée par le rebond de la consommation d’énergie.
Ces bonnes nouvelles suffiront-elles au gouvernement pour qu’il lâche un peu la bride sur la réduction des dépenses ? Car la publication de l’Insee intervient alors que les débats sur le budget pour 2026 s’enlisent, avec une menace d’une censure du gouvernement. Les échanges se cristallisent notamment sur la taxation des plus riches, réclamée par le PS comme prix de son soutien après avoir obtenu la suspension de la réforme des retraites.