Les affaires fiscales ont souvent une double caractéristique. Elles relèvent de l’archéologie judiciaire car les procès arrivent souvent bien après les faits, notamment parce que leur complexité nécessite des enquêtes aussi longues que minutieuses. Celle qui vaut à Ernest-Antoine Seillière, 84 ans, ex-président du Medef et pourfendeur des 35 heures, et à son président du directoire de l’époque, Jean-Bernard Lafonta, de s’expliquer devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, à partir de ce lundi, n’échappe pas à la règle. Les faits remontent à 2007 et ils mettent en lumière une culbute financière plantureuse réalisée avec l’unique préoccupation de réduire au maximum l’impôt sur les plus-values. En filigrane, c’est aussi le fonctionnement des fonds d’investissement et la manière dont ils génèrent des gains, aussi rapides qu’importants, qui seront jugés durant les trois semaines de ce procès.
Flash-back en 2006. Ernest-Antoine Seillière met un sérieux coup de lifting sur l’entreprise tricentenaire Wendel, née au moment de l’âge d’or de la sidérurgie. La crise financière de 2008 n’a pas encore eu lieu et la mode est aux prises de participations financières. Le leverage buy out devient furieusement tendance : plutôt que de créer des entreprises et de les voir lentement croître, on emprunte massivement pour entrer a