Après beaucoup de zones d’ombre sur son avenir, dont le spectre d’une vente, Gifi éclaircit son horizon. Le groupe des magasins à petits prix annonce ce vendredi 17 janvier avoir obtenu l’aval de ses banques dans son plan de restructuration financière et la mise en place d’une nouvelle gouvernance. De quoi pouvoir, selon l’entreprise, assurer son «renouveau». Du moins mettre en œuvre «un plan stratégique de trois ans».
Philippe Ginestet, fondateur du groupe français, va également se mettre en retrait des commandes opérationnelles de l’entreprise, qui seront confiées à un directoire. «Je [les] quitte avec le sentiment du devoir accompli», affirme l’intéressé, qui dirigeait le groupe depuis 1981. L’homme d’affaires de 70 ans devient président du conseil de surveillance de la société – l’organe a pour mission de veiller au bon fonctionnement de l’entreprise et de rendre des comptes aux actionnaires. «Ce changement de gouvernance […] s’inscrit dans la volonté de préserver les racines de l’entreprise», ajoute son créateur.
6 500 salariés en France
Cette décision n’est pas vraiment une surprise : mi-novembre, l’avocat de Gifi, Christophe Dejean, avait affirmé que «la priorité absolue» de Philippe Ginestet était de «passer la main dans les meilleures conditions possibles» pour assurer le développement de la chaîne qui emploie quelque 800 personnes dans le Lot-et-Garonne et 6 500 en France. Des repreneurs potentiels avaient manifesté leur intérêt mais aucun n’a formulé d’offre.
La finalisation de ce plan de restructuration «assurera la pérennité de la société dans le meilleur intérêt des parties prenantes, en particulier des salariés», insiste son avocat. Une réunion extraordinaire du Comité social et économique (CSE) des magasins GiFi, prévue vendredi, a finalement été avancée à jeudi pour prévenir les instances avant de conclure l’accord. Les banques créditrices de la chaîne de magasins ont accepté d’effacer 470 millions d’euros de dettes en échange des engagements Philippe Ginestet, comme révélé mercredi par la Lettre.
Celui-ci doit, en plus de son retrait de la gestion opérationnelle du groupe, déposer en garantie 270 millions d’euros issus de sa holding de contrôle, après des ventes d’actifs et de parts de sociétés, confirme également une source proche du dossier.
Liquidités supplémentaires «très significatives»
«Des liquidités supplémentaires très significatives seront apportées au moyen de nouveaux financements accordés au Groupe Philippe Ginestet, poursuit l’avocat. GiFi disposera à nouveau des ressources et de la flexibilité nécessaire pour exécuter sa stratégie à court terme.» Stratégie qui reposera, selon le communiqué du groupe, sur «un nouvel élan commercial» passant par l’«innovation» et le «prix», ainsi qu’un «plan d’économies» sur le marketing et la logistique.
Reportage
Les élus CFDT de la centrale de Villeneuve-sur-Lot, qui redoutaient un départ du siège historique, se félicitent de la nouvelle. Dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi en fin d’après-midi, ils disent «[accueillir] les nouvelles orientations positives pour le futur de GiFi et remercient Philippe Ginestet pour son engagement sur l’ancrage à Villeneuve-sur-Lot». Ils annoncent rester «très vigilants et seront intransigeants quant aux conséquences sur l’emploi de ces accords purement financiers». Une réunion d’échange avec l’ensemble des salariés de la centrale sera prochainement organisée.
En mars, le groupe avait annoncé un accord bancaire pour rééchelonner sa dette après un appel à l’aide auprès du Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), service gouvernemental chargé d’accompagner les entreprises en difficulté. Outre la concurrence des magasins Action ou Maxibazar, ainsi que des plateformes internet comme le site chinois Temu, l’activité de GiFi a été mise à mal par un changement de système informatique courant 2023. En 2024, GiFi a réalisé un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros.
Mise à jour à 17h45 : réaction de la CFDT.