Pas de cadeau entre géants de la tech. Google a déposé ce mercredi une plainte devant la Commission européenne contre Microsoft, qu’il accuse de pratiques anticoncurrentielles. La firme de Bill Gates inciterait en effet ses clients à utiliser Azure, sa plateforme cloud (l’informatique à distance), au détriment de ses concurrents.
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Cette action «est la seule façon de mettre un terme au verrouillage pratiqué par Microsoft, de permettre aux clients d’avoir un choix et de créer des conditions de marché équitables pour les concurrents», a annoncé Amit Zavery, directeur général et vice-président de la plateforme Google Cloud, lors d’une conférence de presse. «Les conditions de licence logicielle de Microsoft empêchent les organisations européennes de déplacer leurs charges de travail actuelles d’Azure [la plateforme cloud de Microsoft ndlr] vers des cloud concurrents», a précisé Google dans un communiqué. Selon le géant américain, Microsoft a commencé à mettre en place des restrictions de plus en plus fortes sur l’utilisation de ses logiciels à partir de 2019, mettant en place de nombreuses «barrières d’interopérabilité».
Précisément, les entreprises qui disposent du logiciel d’exploitation Windows Server de Microsoft et qui souhaitent le faire fonctionner sur une autre plateforme dématérialisée que celle de Microsoft comme Google Cloud ou AWS, le cloud d’Amazon, doivent faire face à des coûts exorbitants, qui peuvent atteindre une majoration de prix de 400 %, et à «une limitation des correctifs de sécurité», a dénoncé Google qui a déposé sa plainte mardi soir.
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Un bras de fer régulier entre UE et Gafam
La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l’UE, qui a déjà sanctionné à plusieurs reprises Microsoft pour pratiques anticoncurrentielles, a aussi ouvert une enquête en juillet 2023 sur le groupe de Redmond, soupçonné d’avoir abusé de sa position dominante dans les logiciels pour favoriser l’essor de Teams, son application de visioconférence, au détriment de ses concurrents. Une procédure qui a forcé l’entreprise fondée par Bill Gates à annoncer l’année dernière la dissociation de Teams de ses logiciels de bureautique Word, Excel, Powerpoint et Outlook, d’abord en Europe puis dans le monde.
Mais ces annonces n’ont pas convaincu Bruxelles : la Commission a estimé en juin que ces changements étaient «insuffisants pour répondre à ses préoccupations et qu’il [était] nécessaire de modifier davantage le comportement de Microsoft pour rétablir la concurrence». Microsoft a promis de poursuivre le dialogue avec Bruxelles, espérant éviter une grosse amende, comme celle dont l’entreprise a écopé en 2013, d’un montant de 561 millions d’euros, pour avoir imposé son navigateur Internet Explorer.
Et de son côté, Google, qui dit espérer que la réponse de la Commission européenne à son action soit «rapide», n’est pas exempt de tout reproche en matière de concurrence, et se retrouve régulièrement dans le radar de Bruxelles en matière de concurrence. La justice européenne a validé en septembre une amende colossale de 2,4 milliards d’euros infligée en 2017 au groupe de Mountain View pour abus de position dominante sur le marché des recherches en ligne – tandis que quelques jours plus tard, le tribunal de l’UE a de son côté annulé une amende de 1,5 milliard d’euros dont Google avait écopé pour abus de position dominante dans la publicité en ligne. Au total Google s’est vu infliger plus de 8 milliards d’euros d’amendes par Bruxelles pour diverses entorses à la concurrence.