Menu
Libération
Manifestation

Grève chez SFR : les salariés dénoncent les suppressions de postes et le dialogue en berne

Des centaines d’employés de l’opérateur de télécommunication ont fait entendre leur désaccord, ce jeudi, devant le siège du groupe Altice, à Paris, pour dénoncer la coupe dans les effectifs. 1 700 à 2 000 postes seraient sur la sellette.
Des salariés d'Altice ont manifesté devant le siège du groupe, dans le XVe arrondissement de Paris, ce jeudi. (Bertrand Guay/AFP)
par Tom Masson
publié le 24 juin 2021 à 19h54

«Carton rouge pour Drahi !» Pour protester contre des suppressions de postes et les conditions de travail des salariés d’Altice France-SFR (ex-propriétaire de Libération), l’intersyndicale (CFDT, CFTC, Unsa) a appelé les employés à faire grève ce jeudi partout en France. A Paris, devant le siège du groupe, dans le XVe arrondissement, plusieurs centaines de personnes sont venues se faire entendre.

A l’origine de la contestation, un plan stratégique de l’opérateur téléphonique qui prévoit la suppression de 2 000 postes, selon les syndicats (sur 10 000 salariés), là où le groupe évoque 1 700 départs volontaires. Dans un communiqué, l’intersyndicale affirme que ce projet «met à mal la pérennité de SFR». Dans le viseur : les équipes de surveillance du réseau fixe de Paris, celles de recherche et développement et l’équipe qui contrôle les raccordements fibre. «Ce projet aura des conséquences sur la qualité du service qui sera rendu à nos clients et sur le déploiement de la 5G et de la fibre», assure le communiqué. Les organisations syndicales réclament une véritable «garantie d’emploi pour les années futures», mais également «des conditions de travail améliorées». Tout en exigeant la garantie d’«un réel volontariat» et «des indemnités au moins à la hauteur du plan social de 2017» pour ceux qui voudraient partir.

Cette décision intervient alors que le chiffre d’affaires de SFR a augmenté de 2,4%, atteignant 10,6 milliards d’euros l’an dernier, en dépit de la crise sanitaire. Les syndicats, qui réclament davantage de dialogue social, assurent se heurter à un mur. Selon eux, la direction refuse d’engager des négociations. Xavier Courtillat, délégué syndical CFDT, explique que cette dernière n’a jamais accepté d’entendre leurs revendications. «Depuis trois mois, on essaie de se faire entendre, mais rien ne bouge. On ne comprend pas un tel revirement, six mois après nous avoir promis qu’aucun emploi ne serait impacté», regrette-t-il.

«Défaut d’information»

De son côté, SFR pointe la responsabilité des syndicats qui «auraient décidé le 14 juin de mettre un terme aux négociations» après «cinq réunions au cours desquelles aucune proposition n’a été formulée par les organisations syndicales représentatives sur les mesures sociales». Le groupe assure par ailleurs rester «naturellement ouvert, comme depuis l’origine, à la négociation avec les organisations syndicales». Les syndicats, qui expliquent n’avoir toujours pas obtenu la moindre justification sur le projet malgré leurs demandes, se demandent comment négocier sans information. Xavier Courtillat, de la CFDT, est amer : «On attend encore des documents pour comprendre le projet ! Rien ne justifie une pareille décision.» Le tribunal de Paris a d’ailleurs prononcé une condamnation, le 30 avril, à l’encontre de SFR, pour «défaut d’information sur ses orientations stratégiques».

Cette journée de grève intervient le jour où Alain Weill, fondateur de NextRadioTV, a annoncé qu’il quittera son poste de PDG d’Altice France le 1er juillet. Il sera remplacé par Grégory Rabuel, actuel directeur général de SFR. Le directeur général d’Altice média, Arthur Dreyfuss, prendra quant à lui la présidence de cette filiale, tout en conservant son poste de secrétaire général d’Altice France-SFR.