En résumé
- Dans le sillage de Wall Street la veille au soir, les Bourses asiatiques ont rechuté ce vendredi 11 avril. A Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé en repli de 2,95 %, la Bourse de Séoul a décroché de 0,5 % et Sydney de 0,82 %.
- Après son revirement spectaculaire mercredi, l’imprévisible Donald Trump a une nouvelle fois défendu vendredi son offensive sur les droits de douane, assurant que sa politique douanière «fonctionnait vraiment bien».
- Emmanuel Macron a prévenu ce vendredi matin que le rabaissement des droits de douane américains à 10 % étaient «une pause fragile» et estimé que l’Europe devait continuer de «mobiliser tous les leviers disponibles pour se protéger».
- Le président chinois, Xi Jinping, dont le pays est désormais frappé par une monumentale surtaxe de 145 %, a de son côté appelé ce vendredi matin l’UE à se joindre à Pékin pour «résister» à la «coercition» des Etats-Unis.
Le dollar chute encore, emporté par la guerre commerciale américaine. Le dollar continuait de glisser ce vendredi, évoluant à un plus bas face à l’euro depuis plus de trois ans, lesté par les incessants revirements des politiques commerciales et économiques américaines. Vers 18h35 GMT (20h35 heure française), le billet vert dévissait de 1,05% face à la monnaie unique à 1,1319 dollar pour un euro. Il avait atteint plus tôt un plus bas depuis février 2022 à 1,1473 dollar pour un euro. Le «buck», autre surnom de la devise américaine, reculait aussi face à la livre (-0,76% à 1,3069 dollar pour une livre) ou le franc suisse (-0,89% à 0,8168 franc suisse pour un dollar). Il s’agit d’un plus bas depuis près de 14 ans par rapport à la monnaie helvétique, considérée comme une valeur refuge, un autre signe de la perte de confiance des investisseurs dans l’économie américaine.
La Fed prête à agir si nécessaire. La réserve fédérale américaine (Fed) est «absolument prête» à agir pour stabiliser les marchés financiers si l’instabilité persiste, a assuré dans une interview au quotidien économique Financial Times l’une des responsables de la banque centrale, Susan Collins. Alors que les marchés obligataires et boursiers montrent des signes d’inquiétude depuis l’entrée en vigueur des droits de douane de Donald Trump, une possible réaction de la Fed dépendra «des conditions que nous observerons», a précisé Susan Collins.
Optimisme trumpien. Donald Trump demeure «optimiste» qu’un accord commercial puisse être conclu avec la Chine, a affirmé vendredi la Maison Blanche, alors que les deux puissances sont engagées dans une escalade à leur duel commercial entamé par le président américain avec ses droits de douane. «Le président a signifié clairement qu’il était très ouvert à la question d’un accord avec la Chine», a déclaré lors d’un point presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, sans préciser pourquoi Donald Trump était «optimiste» lorsqu’un journaliste l’a pressée sur cette question.
Les démocrates demandent une enquête auprès de l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés. Plusieurs sénateurs démocrates de haut rang ont écrit une lettre demandant à la Securities and Exchange Commission (SEC) d’enquêter pour déterminer si Donald Trump a violé les lois sur les valeurs mobilières et s’est livré à des délits d’initiés et à des manipulations de marché en changeant de cap sur ses tarifs douaniers mondiaux. «Nous demandons instamment à la SEC d’enquêter pour savoir si les annonces de tarifs douaniers, qui ont provoqué l’effondrement du marché et la reprise partielle qui a suivi, ont enrichi les initiés et les amis de l’administration aux dépens du public américain et si des initiés, y compris la famille du président, avaient une connaissance préalable de la pause tarifaire dont ils ont abusé pour effectuer des transactions boursières avant l’annonce du président», indique le texte notamment signé par Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts et ancienne candidate à l’élection présidentielle.
Les Bourses européennes clôturent en légère baisse. Les principales places boursières européennes ont terminé majoritairement en petite baisse vendredi, au terme d’une semaine de montagnes russes. Paris ferme en baisse de 0,3 %, Francfort de 0,92 %, Milan de 0,73 %. Seule Londres termine en boucle dans le vert, à + 0,64 %.
Net recul de la confiance des consommateurs américains. La confiance des consommateurs a fortement reculé en avril aux Etats-Unis pour le quatrième mois d’affilée, avec des sondés qui redoutent une inflation massive, une dégradation de l’activité économique et une hausse du chômage, selon un baromètre régulier publié vendredi. L’indice évaluant cette confiance a reculé à 50,8 en avril, ce qui représente un recul de près de 11 % sur un mois et de 34,2 % par rapport à un an plus tôt, selon une estimation préliminaire de l’université du Michigan. L’offensive douanière des Etats-Unis apparaît comme le principal sujet d’inquiétude.
Autosatisfaction trumpienne. Donald Trump a affirmé vendredi sur son réseau Truth Social que sa politique douanière «fonctionnait vraiment bien», alors que la devise, la dette et les actions américaines sont attaquées sur les marchés, sur fond d’escalade commerciale avec la Chine. «Notre politique de droits de douane fonctionne vraiment bien. C’est passionnant pour l’Amérique, et le monde. Elle progresse rapidement», a-t-il écrit, après que la Chine a annoncé vendredi porter ses surtaxes douanières sur les produits américains à 125 %.
Wall Street ouvre en baisse. La Bourse de New York a ouvert en baisse vendredi, à la fin d’une semaine plus que mouvementée, demeurant fébrile face à l’offensive commerciale lancée par Donald Trump. Dans les premiers échanges, le Dow Jones perdait 0,27 %, l’indice Nasdaq lâchait 0,15 % et l’indice élargi S & P 500, 0,17 %.
Droits de douane : derrière le virage à 180° de Trump, un vaste délit d’initiés ? Des élus démocrates soupçonnent fortement une corrélation entre les messages du président américain et les gains boursiers engrangés par certains de ses proches mercredi 9 avril, quand il a annoncé une pause dans sa guerre commerciale qui a rassuré – un temps – les marchés. Lire notre analyse.
L’UE défendra son économie si Washington ne change pas de cap, promet un commissaire européen. «Nous sommes prêts à travailler avec les Etats-Unis et à trouver des solutions constructives, acceptables pour tous», a déclaré ce vendredi le commissaire européen à l’Economie, Valdis Dombrovskis, en ouverture d’une réunion des ministres de l’Economie des Vingt-Sept, organisée à Varsovie. «Mais nous faisons aussi passer un message : si nous ne voyons pas de changement du côté américain, de volonté de s’éloigner de leur politique tarifaire, nous devrons défendre notre économie», a-t-il aussi prévenu. Durant deux jours en Pologne, le responsable échangera avec les ministres de l’UE sur comment tenir le choc face à un allié américain devenu imprévisible. «Je suis très, très confiant dans la résilience et la solidité des fondements économiques de la zone euro», a de son côté estimé l’Irlandais Paschal Donohoe, président de l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro.
La Chine ne peut pas remplacer les Etats-Unis, selon Bayrou. «L’idée que les Etats-Unis pourraient être remplacés par la Chine est terriblement dangereuse», a déclaré le Premier ministre François Bayrou aux journalistes ce vendredi, lors d’une visite à une foire aux fromages et aux vins. Le chef du gouvernement a également exhorté l’Union européenne à faire preuve de solidarité face à l’incertitude déclenchée par Donald Trump. «Lorsque le président des Etats-Unis augmente les droits de douane, c’est un tremblement de terre, mais lorsque le président des Etats-Unis, quarante-huit heures plus tard, baisse les droits de douane, c’est un autre tremblement de terre», a-t-il déclaré.
La BCE «prête à intervenir» si une guerre commerciale menace la stabilité financière. La Banque centrale européenne est «prête à intervenir» en cas de risque pour la stabilité financière en zone euro, a déclaré vendredi sa présidente alors que la guerre commerciale déclenchée par Trump provoque de fortes fluctuations sur les marchés financiers. L’institution monétaire «surveille la situation et est toujours prête à intervenir» en utilisant «les instruments dont elle dispose», a déclaré Christine Lagarde à Varsovie en marge d’une réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro, sans donner plus de détails.
Le PDG de BlackRock évoque l’«incertitude et l’anxiété» sur l’économie. BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs au monde, a fait état vendredi de «l’incertitude et de l’anxiété» de ses clients sur l’avenir de l’économie, alors que la guerre commerciale mondiale fait rage. «L’incertitude et l’anxiété sur l’avenir des marchés et sur l’économie sont les principaux sujets de conversation de nos clients», a commenté Larry Fink, le PDG de BlackRock, cité dans un communiqué à l’occasion de la publication des résultats trimestriels du groupe.
La banque américaine JPMorgan Chase dépasse les attentes. La banque américaine JPMorgan Chase a publié des résultats supérieurs aux attentes au premier trimestre, son patron Jamie Dimon mettant en garde contre les «turbulences considérables» que l’économie doit affronter. Sur les trois premiers mois de l’année, la plus grande banque américaine en termes d’actifs a réalisé un chiffre d’affaires de 45,31 milliards de dollars (+ 8 %) et un bénéfice net de 14,64 milliards de dollars (+ 9 %).
Une réunion UE – Etats-Unis lundi. Le commissaire européen en charge du Commerce, Maros Sefcovic, doit se rendre lundi à Washington pour échanger avec l’administration Trump sur les droits de douane, annonce l’exécutif européen. L’Union européenne espère un accord pour «éviter les droits de douane et toute escalade préjudiciable des deux côtés de l’Atlantique», souligne la Commission.
Berlin appelle Pékin et Washington au calme. Le gouvernement allemand a appelé vendredi Washington et Pékin à trouver une «issue négociée» sur les droits de douane, soulignant que l’économie allemande ne serait «pas épargnée par cette escalade» de la guerre commerciale entre les deux puissances. «Il ne faut pas plus mais moins d’obstacles au commerce et il faut trouver une issue négociée sur laquelle toutes les parties s’entendent», a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, alors que les Etats-Unis et la Chine sont les principaux partenaires commerciaux de Berlin.
Un sommet UE-Chine en juillet. Le prochain sommet entre l’Union européenne et la Chine doit se tenir en juillet sur le territoire chinois, a annoncé vendredi un porte-parole du Conseil européen, l’instance représentant les Vingt-Sept. Ce sommet doit marquer les 50 ans de la relation entre Bruxelles et Pékin, mais il interviendra à un moment où le bloc européen cherche de plus en plus à diversifier ses partenaires commerciaux face à un allié américain devenu imprévisible. Xi Jinping a également tendu la main ce vendredi à l’UE, l’invitant à mutualiser leurs forces pour «résister» ensemble à la «coercition», sur fond de guerre commerciale avec Washington. Les dirigeants chinois et ceux des institutions européennes ont des rencontres au sommet régulières, à l’exception de l’an dernier où aucun sommet n’a eu lieu.
Les difficultés de la relocalisation. Afin de développer son «made in USA», LVMH a ouvert une usine au Texas en 2019 pour fabriquer des sacs à main Louis Vuitton. Depuis, le site a toujours été l’un des moins performants de la marque. Manque de travailleurs du cuir qualifiés, gaspillage de peaux de qualité, défauts parfois cachés pour augmenter les chiffres de la production… Un ancien travailleur affirme avoir vu des personnes faire fondre le cuir pour dissimuler des trous ou d’autres imperfections dans les coutures. «Je n’ai connaissance d’aucun problème suggérant que la qualité provenant du Texas est différente de celle provenant d’Europe», a tempéré Ludovic Pauchard, directeur industriel de Louis Vuitton, reconnaissant tout de même que de tels cas s’étaient déjà produits par le passé. Alors que le PDG, Bernard Arnault, tablait sur la création de «1 000 emplois hautement qualifiés» en cinq ans grâce à cette nouvelle usine, les effectifs s’élevaient à un peu moins de 300 personnes en février 2025. Des difficultés qui mettent en évidence les défis de la relocalisation des industries aux Etats-Unis, en pleine guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde.
Le Japon prépare les négociations commerciales avec les Etats-Unis. Le Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a mis en place ce vendredi un groupe de travail pour superviser les négociations commerciales avec les Etats-Unis, dirigé par son proche collaborateur et ministre de l’Economie, Ryosei Akazawa, qui, selon les médias nationaux, se rendra à Washington la semaine prochaine. Le premier cycle des discussions devrait se tenir le 17 avril, avec la rencontre entre Ryosei Akazawa et le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent et le représentant américain au commerce, Jamieson Greer.
«Un jeu de chiffres dénué de sens économique». La Chine a déclaré ce vendredi que Washington devait «assumer l’entière responsabilité» de l’instabilité économique mondiale après l’offensive tarifaire tous azimuts de Donald Trump. Les surtaxes annoncées par Washington ont causé «de graves chocs et de fortes turbulences à l’économie mondiale, aux marchés mondiaux et aux systèmes commerciaux multilatéraux», a jugé un porte-parole du ministère chinois du Commerce. «Les droits de douane exorbitants» des Etats-Unis contre la Chine «ne sont plus qu’un jeu de chiffres dénué de sens économique» et «sont devenus une farce», a également fustigé le ministère.