Donald Trump avait promis monts et merveilles à la finance américaine. Ce lundi 10 mars 2025 est pourtant un jour maussade pour Wall Street, après trois semaines déjà très compliquées. C’est même la pire journée depuis 2022 pour le Nasdaq, l’indice technologique de Wall Street (-4 %). Le Dow Jones, lui, a perdu 2,08 %, et l’indice élargi S & P 500 s’est contracté de 2,70 %. «Les échanges d’aujourd’hui ont ressemblé à une spirale mortelle absolue», a déclaré Alon Rosin, responsable chez Oppenheimer & Co, et cité par Bloomberg. Le Dow Jones a ainsi effacé tous ses gains depuis le 5 novembre, date de l’élection de Trump, et le Nasdaq est même au plus bas depuis près de six mois.
«Pour l’essentiel, il s’agit d’une liquidation des valeurs technologiques», en témoigne le fort recul de l’indice Nasdaq, ce qui montre «que la forte concentration des marchés sur les grandes valeurs technologiques peut devenir un problème», relève Steve Sosnick, d’Interactive Brokers. Les géants du secteur de la tech ont en effet reculé fortement : Meta de 4,42 %, Microsoft de 3,34 %, Alphabet de 4,41 %, Apple de 4,85 %, Amazon de 2,36 % et Nvidia de 5,07 %. Ces derniers sont souvent dirigés ou liés à des soutiens plus ou moins affichés de Donald Trump. Selon l’indice Bloomberg des milliardaires, «les entreprises à l’origine des fortunes des participants à l’investiture ont été parmi les plus perdantes, avec une perte de valeur boursière combinée de 1 390 milliards de dollars depuis le 17 janvier, dernier jour de bourse avant l’investiture» : 22 milliards de moins sur la période pour Sergey Brin, cofondateur de Google, 29 milliards évaporés pour Jeff Bezos le patron d’Amazon et du Washington Post, et, surtout, 148 milliards de moins pour Elon Musk.
Analyse
C’est d’ailleurs Tesla qui, avec une baisse de 15,43 %, a connu sa pire journée depuis septembre 2020. Une dégringolade encore plus impressionnante pour l’entreprise d’Elon Musk, notamment en raison de la publication d’une analyse de Joseph Spak, d’UBS Group AG, qui a revu à la baisse ses prévisions pour le premier trimestre (-16 % par rapport à ses estimations précédentes). Il prévoit même une chute de 5 % des ventes sur l’année, quand les dirigeants de l’entreprise ont promis le retour de la croissance en 2025, après une baisse annuelle inédite pour la firme d’Austin l’an dernier. Les premiers résultats des immatriculations de janvier et février, en Europe comme en Chine, sont catastrophiques, entre saluts nazis et soutien à Trump de Musk, problèmes de stocks et voitures de plus en plus concurrencées, notamment par Pékin.
Les cryptos également dans le rouge
Au-delà de Musk et de Telsa, les investisseurs ont en particulier accueilli avec crainte les déclarations de Donald Trump dimanche. Le président américain est resté très flou lorsqu’une journaliste de Fox News lui a demandé lors d’un entretien s’il s’attendait à une récession aux Etats-Unis. «Je déteste prédire les choses comme ça», a-t-il répondu. «Il y a une période de transition», a avoué dans la foulée le milliardaire républicain. Interrogé sur la chaîne de télévision CNBC vendredi, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a, lui, jugé que l’économie américaine et le marché boursier entreraient dans une «période de détox» alors qu’ils étaient «addicts aux dépenses publiques», que l’administration promet de réduire drastiquement.
Pour Sosnick, cette chute est notamment liée «à la confusion qui règne sur les droits de douane» et aux craintes d’un ralentissement de l’économie américaine qui pourrait s’ajouter à une inflation en hausse. «Les actions sont écrasées par les inquiétudes liées au ralentissement économique qui assombrissent les perspectives de croissance des bénéfices des entreprises», a écrit de son côté dans une note Jose Torres, d’Interactive Brokers. Les investisseurs se détournent des marchés d’actions au profit du marché obligataire, a-t-il souligné. En parallèle, les acteurs de marché attendent avec attention la publication, mercredi, de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis pour le mois de février. Il s’agira de l’une des premières données économiques sur l’état de santé de l’économie américaine depuis le retour de Donald Trump au pouvoir.
Malgré les promesses faites par le nouveau président américain d’un soutien au secteur des cryptomonnaies, les valeurs associées à ce dernier ont elles aussi dévissé, avec le bitcoin, les investisseurs se montrant déçus de l’absence de politique d’achat public de devises numériques aux Etats-Unis. La plateforme d’échanges Coinbase a dégringolé de 17,58 %, son concurrent Robinhood de 19,79 %, quand le «mineur» (créateurs de monnaie numérique) Riot Platforms a chuté de 9,68 %.