C’est un grand navire orange enserré entre deux autoroutes à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), dans le genre de zones d’activités qui font perdre foi en l’humanité. Un centre commercial construit en 2006 mais qui pourrait tout aussi bien l’avoir été au siècle précédent tant il est tourné vers la voiture. La volonté originelle de Domus («demeure» en latin) était relativement simple : être l’un «des plus grands centres commerciaux d’Europe» entièrement «consacré à l’équipement et aux biens de la maison», le tout plutôt orienté vers le haut de gamme. L’investissement initial était à la hauteur des ambitions : 150 millions d’euros et 7 à 8 millions de visiteurs attendus chaque année.
Près de dix-huit ans plus tard, force est de constater que le pari n’est pas réussi. Dans les allées du centre, un jeudi de mi-décembre, les clients se font rares. Les 62 000 m² de surface commerciale, répartis sur trois étages, sont déserts. «Il y a des semaines où il n’y a pas un client dans l’allée», souffle un vendeur désœuvré dans une boutique luxueuse. Et les acheteurs ne sont pas les seuls à manquer. Initialement, Domus imaginait rassembler 100 enseignes : on en compte moitié moins. Au premier étage, ce jour-là, une boutique Habitat franchisée est encore ouverte. Deux semaines plus tôt, le groupe –