A vingt minutes au sud de Paris, Domexpo est une de ces anomalies urbaines tout droit sorties du siècle précédent. A son ouverture en 1986, ce «village» d’exposition de maisons témoins est dans l’air du temps. La périurbanisation progresse sans restriction, on construit à tour de bras, et plusieurs entreprises de construction s’associent pour créer ce concept de supermarché de la maison individuelle à La Ville-du-Bois (Essonne), décliné dans trois autres sites autour de Paris.
Trente-huit ans plus tard, c’est peu dire que les temps ont changé. Coincée entre la nationale 20, une station-service et un réparateur automobile, la rue factice et déserte ne compte plus que 18 maisons, dont près de la moitié sont à l’abandon – ou «en rénovation» indique le plan à l’entrée. La promesse originale – visiter une maison et rencontrer son constructeur sur place – ne compte plus tant que ça. L’endroit est surtout utilisé comme un «facilitateur commercial» qui permet de «projeter les gens dans des volumes» explique Jonathan, commercial. «C’était encore un lieu de passage obligé il y a peu de temps, complète Jean-Jacques Procureur, responsable d’agence des Maisons Balency, sur place depuis quatre ans. Vous veniez ici quelques années auparavant, mon pavillon, c’était Ikea. Le samedi, on avait parfois 15 à 20 passages. Aujourd’hui, quand j’en ai un ou deux, je suis content.»
«Les ménages sont coincés»
Car le long de la nationale 20, comme ailleurs en France, les clients ont déserté. Ils sont nombreux