Mû par l’envie d’en découdre, la besace remplie de documents et la mémoire saturée de détails accablants, un personnage inattendu pousse la porte de la police judiciaire, à Nanterre, un jour de 2016. Il arrive tout droit du Canada et s’apprête à livrer un surprenant récit. Cela fait des semaines que, discrètement, cette source a accumulé les rencontres, à Bercy, avec la Direction générale des finances publiques (DGFIP), et livré les ressorts de ce qui pourrait être une fraude fiscale, massive et inédite. Elle a démonté le mécano, donné des noms, mis en lumière les ficelles utilisées selon elle pour cacher des milliards aux impôts français et les blanchir. L’affaire semble si prometteuse, d’ailleurs, qu’on lui a conseillé de prendre rendez-vous avec les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), le service chargé des grosses enquêtes politico-financières.
Editorial
C’est chose faite. Cette fois-ci, ainsi qu’à d’autres reprises par la suite, la source va faire découvrir aux policiers les nouveaux horizons de l’évasion fiscale. Loin des schémas classiques passant par des sociétés offshore créées sous les cocotiers, dans des paradis fiscaux exotiques et opaques où la corruption règne en maître. Loin des pays d’Europe dont le système bancaire a longtemps vécu des milliards engrangés grâce à la fraude des cols blancs et de la criminalité organisée. Mais au Canada, l’un des pays du G7 qui se veut en pointe dans le combat