Voilà un mois que le procès du déraillement de train de Brétigny-sur-Orge, qui avait fait sept morts et des centaines de blessés à l’été 2013, a commencé. Il devrait se terminer le 17 juin et le délibéré interviendra plusieurs semaines plus tard. Pour l’instant, tout se déroule exactement comme l’ont prévu les avocats de la SNCF. Peu de gros titres dans les médias : le calendrier, en pleines législatives, joue. Les débats, ultra-techniques, aussi. Dans ce procès, pourtant historique, de l’une des pires catastrophes ferroviaires françaises, rien ne vient entacher l’image de l’entreprise publique. Même les écoutes téléphoniques révélant ce qui pourrait s’apparenter à des tentatives de subornation de témoin des dirigeants de la SNCF n’ont provoqué que peu d’émoi.
Sauf que voilà : un responsable de l’époque – qui n’a pas été entendu dans le cadre de l’enquête – a décidé de parler. Pierre Serne, alors vice-président de la région Ile-de-France en charge des transports, n’avait pas prévu de déballer. Surtout ainsi, par voie de presse. Il est le premier à dire tout haut ce qu’un certain nombre de cadres de la SNCF savent, mais qu’aucun n’assume publiquement. Parmi eux, certains acceptent quand même des rendez-vous secrets, dans l’anonymat des cafés, la mallette remplie de documents, «pour que la presse explique ce qui se joue vraiment, mais surtout, ne citez rien…»
Décryptage
Devant la tournure du procès se mélangent un sentiment de trouille face à l’Etat et de gêne : un seul agent de la