Il préfère voir le verre à moitié plein. Le ministre de la Justice s’est félicité d’avoir obtenu une enveloppe supplémentaire de 250 millions d’euros pour son budget en 2025. Au moment de la présentation du Projet de Loi de Finances début octobre, le coup de rabot était fixé à 500 millions d’euros. Mais le ministre, qui avait alors menacé de démissionner, a rectifié le tir. Cet arbitrage permettra, selon Didier Migaud, «d’honorer et de respecter tous les engagements qui ont été pris en direction des magistrats, des personnels de greffe, des juristes-assistants, des personnels pénitentiaires» lors du vote de la loi de programmation de la Justice en octobre 2023.
Cette loi, promue par l’ancien garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, promettait l’embauche en cinq ans de 10 000 personnes, dont 1 500 magistrats, 1 800 greffiers et 1 100 attachés de justice. Environ 1 550 emplois devraient être créés en 2025, soit 1 000 de plus que ce qui était prévu dans la lettre plafond.
L'intrus
Le garde des Sceaux avait prévenu après l’annonce par Michel Barnier du budget 2025 qu’il ne resterait pas au gouvernement si le budget de la justice n’était pas amélioré. «L’arbitrage nous permet de toujours considérer que la justice est effectivement une priorité pour le gouvernement», a-t-il insisté. «C’est une nouvelle rassurante», a estimé Kim Reuflet, présidente du Syndicat de la magistrature, pointant néanmoins que la justice française restait l’une des plus pauvres d’Europe.
Didier Migaud a ajouté que certains crédits prévus initialement pour le programme immobilier et notamment pour la construction de nouvelles places de prison ne seront pas mobilisés, précisant que le projet de 18 000 places de prison supplémentaires n’était pas abandonné mais rééchelonné. «On va lancer une opération vérité», a expliqué le ministre. «Je vais constater qu’un certain nombre d’opérations qui étaient prévues ne pourront pas se réaliser, et donc ne nécessiteront pas la mobilisation des crédits et des autorisations d’engagements qui avaient été prévus». Satisfait de l’arbitrage favorable dont son ministère a bénéficié, Didier Migaud a rappelé que «le budget de la justice reste modeste» et qu’elle doit «redevenir une priorité».