Les baisses viendront un peu plus tard. La Banque centrale européenne (BCE) a maintenu jeudi 11 avril son taux sur les dépôts, celui qui fait référence, à son niveau de 4 %, record atteint en septembre 2023. Mais l’institution présidée par la Française Christine Lagarde a également affirmé qu’elle pourrait amorcer dès le mois de juin, une baisse de ses taux d’intérêt directeurs, soit avant la Réserve fédérale américaine (Fed). Si «l’évaluation actualisée» des perspectives d’inflation devait «encore renforcer sa confiance» dans la «convergence durable de l’inflation vers l’objectif» de 2 %, la BCE jugerait alors «opportun de réduire le caractère restrictif actuel de la politique monétaire», explique-t-elle dans un communiqué.
Interrogée sur le fait de savoir si les décisions de la Fed auront une conséquence sur le calendrier de baisse des taux de la BCE, Christine Lagarde a répondu que l’institution qu’elle préside est «dépendante des données, pas de la Fed». Les deux banques centrales affrontent des situations différentes : la santé insolente de l’économie américaine accompagnée d’une inflation plus forte contraste avec la faiblesse persistante de l’activité dans la zone euro, où les taux élevés ont fini par freiner l’inflation mais aussi les capacités de financement des entreprises et des ménages.
«Quelques membres» du conseil des gouverneurs se sentaient «suffisamment confiants» pour baisser les taux dès avril, a convenu Lagarde. Mais ils ont, selon elle, «accepté de se rallier au consensus d’une très large majorité» sur «la nécessité de renforcer la confiance» fondée sur «beaucoup plus d’informations» à recevoir d’ici au mois juin. Pour gagner ce supplément de «confiance» qui manque selon la BCE, il faudra que les taux d’inflation dans la zone euro retrouvent des niveaux plus acceptables (autour de 2 %). La hausse des prix pourra encore connaître d’ici à 2025 «une fluctuation autour du niveau actuel», en fonction des prix volatils de l’énergie, a reconnu Christine Lagarde. Mais «on ne va pas attendre que tout revienne à 2 % pour prendre les décisions qui s’imposent», a-t-elle martelé. A ce stade, l’institution monétaire «ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière», a rappelé l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances de Nicolas Sarkozy. La prudence étant, souvent, sa marque de fabrique.