Banques, autoroutes, BTP, énergie… Après la dissolution de l’Assemblée nationale, plusieurs secteurs économiques ont fortement reculé lundi à la Bourse de Paris. Les marchés financiers n’aiment pas le flou… et encore moins les surprises. Ni, visiblement, le programme économique du RN et l’hypothèse de voir le parti de Marine Le Pen à Matignon après les législatives. Dès l’ouverture de la séance, le CAC 40 a décroché de 2,37 %. En fin de journée, il a terminé en baisse de 1,81 %, à 7 857 points, à son plus bas niveau depuis le 22 février. C’est bien plus que lors de la dégradation de la note française par Standard & Poor’s fin mai, largement anticipée, qui n’avait pas fait bouger les marchés.
Parmi les valeurs les plus impactées, les banques, traditionnellement les plus touchées en période d’incertitudes, ont été sévèrement secouées. Ainsi la Société générale a dévissé de 7,80 %, BNP Paribas de 5,38 % et le Crédit agricole de 4,27 %. Le BTP, au centre de l’activité économique, a lui aussi chancelé, en particulier les groupes qui sont également concessionnaires d’autoroutes, qui perdent tous environ 5 %. Bouygues perdait ainsi 4,5 % et Vinci et Eiffage, qui gèrent une partie des autoroutes françaises, retombait respectivement de 4,97 % et 5,28 %. Explication, le programme du Rassemblement national (RN) de 2022 prévoit la renationalisation des sociétés d’autoroutes. Le gestionnaire des aéroports parisiens, le groupe ADP, reculait aussi de près de 5 %. Enfin, le secteur de l’énergie n’était pas épargné. Le groupe Engie recule de 4,3 %. Une chute explicable, selon les analystes, d’une part par le discours du RN sur le contrôle des prix du gaz. Mais aussi par le ton pro-nucléaire du parti, réticent devant les énergies renouvelables. Même le luxe n’était pas à l’abri, LVMH décrochant de presque 2,5 %.
Autre variation sur les marchés ce lundi 10 juin, l’euro a légèrement reculé face au dollar (-0,6 %) à 1,07 dollar, et l’écart de rendement (spread) entre l’obligation française à dix ans et le Bund allemand de même échéance, baromètre de la confiance dans l’économie du pays, s’est creusé à près de 52 points de base, le plus large écart depuis trois mois. Autrement dit, une augmentation de la prime de risque pour détenir de la dette française plutôt qu’allemande, considérée comme plus sûre.
La Bourse parisienne affichait ce lundi la plus forte baisse parmi les Bourses européennes, toutes orientées également à la baisse au lendemain d’élections européennes marquées par une poussée de l’extrême droite. dont l’indice Dax de la Bourse de Francfort, à -0,53 %. L’indice européen Euro Stoxx 50 perdait presque 1 % lundi en fin de journée.