Il y a un an, au début de la pandémie, les beaux esprits confinés se prenaient déjà à rêver d’un «monde d’après» débarrassé non seulement du Covid, mais aussi des pires aspects du capitalisme financier : âpreté au gain et seule loi du profit, refus de tout partage de la valeur en direction du monde du travail, cécité assumée vis-à-vis de la bombe à retardement climatique qui menace la planète et ses habitants… Un an a passé et l’éviction brutale d’un PDG, celui de Danone, qui aurait pu paraître anecdotique en d’autres circonstances, fait figure de révélateur de cet impossible dépassement du capitalisme financier. Impossible, du moins, sans un hypothétique rapport de force social, politique et citoyen qui permettrait de tordre le bras à ce qu’Adam Smith appelait la «main invisible du marché». Ce capitalisme sans visage, celui qui a «gagné la lutte des classes» de l’aveu même du milliardaire américain Warren Buffet, celui qui a fait choir brutalement dimanche soir Emmanuel Faber de son fauteuil de patron de Danone, s’incarne aujourd’hui dans ces fonds d’investissement qui font la pluie et le beau temps au sommet des grandes entreprises. Des costumes gris bien taillés qui exigent toujours plus de croissance et de rentabilité, «quoi qu’il en coûte» humainement, socialement et écologiquement parlant.
La chute d