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Billet

La chute du patron de Danone ou l’impossible dépassement du capitalisme financier

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L’éviction brutale dimanche soir d’Emmanuel Faber, qui avait tenté de concilier logique du profit à tout prix et vertu entrepreneuriale, démontre la domination sans appel d’un capitalisme sans visage, loin du «monde d’après» fantasmé.
FILE PHOTO: Emmanuel Faber, Chief Executive Officer of French food group Danone, poses before a news conference to present the company's 2019 annual results in Paris, France, February 26, 2020. REUTERS/Christian Hartmann/File Photo (Christian Hartmann/Reuters)
publié le 17 mars 2021 à 18h33

Il y a un an, au début de la pandémie, les beaux esprits confinés se prenaient déjà à rêver d’un «monde d’après» débarrassé non seulement du Covid, mais aussi des pires aspects du capitalisme financier : âpreté au gain et seule loi du profit, refus de tout partage de la valeur en direction du monde du travail, cécité assumée vis-à-vis de la bombe à retardement climatique qui menace la planète et ses habitants… Un an a passé et l’éviction brutale d’un PDG, celui de Danone, qui aurait pu paraître anecdotique en d’autres circonstances, fait figure de révélateur de cet impossible dépassement du capitalisme financier. Impossible, du moins, sans un hypothétique rapport de force social, politique et citoyen qui permettrait de tordre le bras à ce qu’Adam Smith appelait la «main invisible du marché». Ce capitalisme sans visage, celui qui a «gagné la lutte des classes» de l’aveu même du milliardaire américain Warren Buffet, celui qui a fait choir brutalement dimanche soir Emmanuel Faber de son fauteuil de patron de Danone, s’incarne aujourd’hui dans ces fonds d’investissement qui font la pluie et le beau temps au sommet des grandes entreprises. Des costumes gris bien taillés qui exigent toujours plus de croissance et de rentabilité, «quoi qu’il en coûte» humainement, socialement et écologiquement parlant.

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