Selon les données du réseau de transport d’électricité (RTE), en 2024, la France a exporté 89 térawattheures (TWh) d’électricité de plus qu’elle n’en a importé, soit environ 17% de sa production totale (environ 535 TWh). Il s’agit d’un record absolu, faisant tomber le précédent pic de 2002 : jamais le pays n’avait exporté une aussi grande quantité d’électricité de son histoire.
Le secteur revient de loin : en 2022, année noire, le solde des échanges enregistrait un déficit de 16 TWh, en raison, notamment, d’une forte chute de la production française. Cette dernière était principalement due aux problèmes rencontrés dans le nucléaire : fermeture en 2020 de la centrale de Fessenheim, arrêt d’autres centrales pour les travaux de grand carénage et surtout pour des problèmes de corrosion sous contrainte. Depuis, la plupart des réparations ont été effectuées, et le nucléaire est presque revenu à son niveau de 2021 – mais la production reste significativement inférieure à 2018 (baisse de 9%) et largement en deçà du pic de 2005 (baisse de 15%). Le nucléaire représente en revanche plus des deux tiers (68%) de la production totale.
Une production particulièrement peu carbonée
Autre explication à ce record : les énergies renouvelables, qui produisent 27% du total, ont nettement progressé ces dernières années. Cela s’explique en grande partie par l’effet de la météo : le secteur hydraulique, qui représente la moitié de la production renouvelable, a produit 73 TWh d’électricité, un record décennal, du fait du niveau élevé des précipitations en 2024, alors que 2022 était plutôt marquée par la sécheresse. L’éolien et le solaire ont, eux, nettement progressé ces dernières années, mais leur part reste encore relativement modeste (respectivement 9% et 4,5% de la production totale).
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L’énergie produite est particulièrement peu carbonée : la part d’énergie fossile est tombée à 3,6%, soit trois fois moins qu’en 2022 et deux fois moins qu’en 2018-2019. Parallèlement à ce rétablissement de la production électrique, le niveau consommation en France a en revanche assez nettement baissé, et est inférieur de 10% à celui de 2018-2019. Ce qui a là aussi contribué à augmenter l’excédent de production.
Côté clients, l’Allemagne, qui a arrêté ses dernières centrales nucléaires en 2023 et a désormais un déficit de production d’électricité, est devenu le plus gros acheteur d’électricité française alors qu’il en était le plus gros fournisseur en 2022. La Grande-Bretagne et l’Espagne également, mais dans une moindre mesure. De quoi faire rentrer plusieurs milliards d’euros dans la balance commerciale de l’Hexagone.