L’accalmie aura été éphémère. L’explosion de la pauvreté, tant redoutée à l’arrivée la pandémie, n’a certes pas eu lieu, en grande partie grâce aux soutiens publics mis alors en place pour les plus précaires, telles que la majoration de l’allocation de rentrée scolaire ou l’aide exceptionnelle de solidarité. Mais sitôt ces dispositifs arrêtés l’année suivante, le taux de pauvreté monétaire a de nouveau augmenté. Il est passé de 13,6 % de la population en 2020 à 14,5 % en 2021, selon les données encore provisoires de l’Insee. Malgré la fragilité des indicateurs pour l’année 2020, l’Insee souligne que «la France sort de l’épisode Covid en 2021 avec un taux de pauvreté supérieur à celui qu’elle avait quand elle y est entrée».
Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des inégalités, incite à ne pas trop s’attarder sur ces variations : «Plus que les comparaisons d’une année à l’autre, qui font parfois du yoyo, il faut regarder sur une plus longue période. On observe alors une hausse du nombre de personnes pauvres, qui n’est pas seulement liée à la hausse de la population.» En effet, ces vingt-cinq dernières années, jamais autant de personnes résidant en logement ordinaire n’avaient vécu sous le seuil de pauvreté – défini à 60 % du revenu médian. Elles étaient 9,1 millions en 2021, 545 000 de plus qu’en 2017, 1,5 million de plus que vingt ans plus tôt. C’est-à-dire, pour une personne seule, avec un revenu disponible mensuel inférieur à 1158 euros, 1737 euros pour