Sur le papier, les dirigeants de la RATP et de la SNCF, ainsi que ceux des opérateurs de bus Keolis et Transdev étaient convoqués ce vendredi pour une audition devant le conseil d’administration d’Ile-de-France Mobilités, la structure régionale qui gère les transports publics. Dans la réalité, la réunion longue de plus de trois heures avait plutôt un petit air de remontée de bretelles par la donneuse d’ordres Valérie Pécresse, la présidente de la région et d’Ile-de-France Mobilités. Et pour cause, depuis la crise sanitaire, bus et métros ne tournent qu’à 90% du niveau de service de 2019. Et encore, ne s’agit-il que d’une moyenne. Certaines lignes du métro parisien – la 8 et la 12 – et les lignes B et D du RER sont nettement en dessous. Sans parler des bus, particulièrement dans le collimateur de Valérie Pécresse : «Un quart de l’offre n’est pas réalisé», a-t-elle indiqué à l’issue de la réunion avant de pointer «une forte dégradation du service au deuxième trimestre».
Manque de métros et de chauffeurs
On imagine que Jean Castex, l’ex-Premier ministre et tout nouveau PDG de la RATP, n’a pas dû être à la fête quand son tour est venu de prendre la parole devant le conseil d’administration. Trois heures plus tard, devant la presse, il évoquait des problèmes de recrutement, mais aussi de matériel : «On manque de métros et les abandons de colis ont augmenté de 25%», ce qui a perturbé d’autant la régularité des rames, a-t-il expliqué. L’ancien chef de gouvernement, devenu patron d’entreprise publique, promet donc 4 500 recrutements pour cette année, dont 2 500 conducteurs de bus et 400 autres pour les métros. En revanche, il est moins disert sur la manière de tenir cet objectif, d’autant qu’en même temps la RATP fait face à une vague de démissions. 1 000 agents ont quitté l’entreprise l’an dernier. La RATP manque de chauffeurs, mais aussi d’agents de maintenance, d’où le manque de rames disponibles puisque non révisées à temps.
Le recrutement dans ces métiers sera d’autant plus délicat que la SNCF cherche de son côté 400 conducteurs pour ses trains. Moins montrés du doigt en revanche, les dirigeants des réseaux de bus Transdev et Keolis affichent des scores de régularité plus élevés, mais ils opèrent le plus souvent en deuxième couronne de la région parisienne, là où le recrutement et les conditions de travail sont visiblement moins difficiles.
Menace de pénalités
Dans les semaines à venir, les progrès accomplis ou non par la RATP et la SNCF seront scrutés à la loupe. En décembre, Valérie Pécresse a pris la décision d’augmenter de 12%, à 84,10 euros par mois, le pass Navigo utilisé quotidiennement par 4 millions de Franciliens. Le prix de la crise sanitaire et de l’augmentation de la facture d’énergie pour les transports. Elle entend donc en avoir pour son argent et ne voudrait pas voir le double mécontentement d’usagers contraints de subir une augmentation des prix assortie d’une réduction de la qualité de service. Tous les indicateurs de régularité et de ponctualité des métros, bus, tramways et trains seront réexaminés au mois de mars. Et s’ils ne sont pas tenus, les pénalités tomberont, comme cela a déjà été le cas l’an dernier, pour un montant non révélé.
Pour l’heure, un autre sujet va occuper élus et dirigeants en charge des transports franciliens. La grève programmée le 19 janvier en réaction au projet de loi de réforme des retraites. Un mouvement dont l’ampleur ne commencera à être évaluée qu’à partir de mardi, lorsque les premières déclarations d’arrêt de travail (requises quarante-huit heures à l’avance) seront connues.
Mise à jour à 17h17 avec changement de titre