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Libération
Note de conjoncture

La reprise économique se fera autant attendre que les vaccins

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Au mois d’avril, le PIB du pays accuse un recul de 6% par rapport à son niveau d’avant-crise. La consommation des ménages a plongé avec l’extension des mesures sanitaires restreignant les déplacements et la fréquentation des commerces.
A Nantes, le 1er avril. (Stéphane Mahe/Reuters)
publié le 6 mai 2021 à 20h38

Le renforcement des mesures sanitaires pour contenir l’épidémie de Covid-19 a donné un coup de frein au redressement de l’économie française, selon la dernière note de conjoncture de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), parue ce jeudi. Depuis le début de l’année, le regain de circulation du virus a conduit le gouvernement à intensifier progressivement les mesures restrictives. La fermeture des centre-commerciaux et la mise en place du couvre-feu en janvier, d’abord. Puis l’instauration d’un nouveau confinement le 20 mars, limité à seize départements et étendu au reste de la France métropolitaine dès le 3 avril a logiquement entraîné une dégradation de l’activité économique.

Selon l’Insee, ce recul a représenté en avril 6% de baisse du PIB par rapport au niveau d’avant-crise (dernier trimestre 2019). Si l’industrie et la construction n’ont globalement pas été affectées, les matériels de transport, eux ont été pénalisés par les difficultés d’approvisionnement, notamment dans le secteur de l’automobile, les équipements électriques et produits informatiques.

Baisse de la consommation

Autre facteur de cette dégradation économique, la baisse de la consommation des ménages. Après avoir été relativement stable en janvier et février, elle a reculé en mars (-7 % par rapport au dernier trimestre 2019), pour plonger à -10 % en avril. Ce qui se traduit notamment par une réduction des achats de biens manufacturés, contenue par la fermeture des commerces d’habillement, chaussures, équipement du foyer et les restrictions de déplacement impliquant une baisse des dépenses de carburant. Les services, eux, déjà très déprimés en début d’année sous l’effet des mesures gouvernementales, ne se dégraderaient que légèrement en avril.

Vaccination et lente reprise

L’Insee envisage tout de même un léger rebond de l’activité économique pour les mois de mai et juin 2021, portée par l’allègement en quatre étapes des restrictions sanitaires. Ce scénario estime à 4% la baisse du PIB au deuxième trimestre par rapport à fin 2019, alors que l’on prévoyait -7,5% en novembre. Une petite amélioration qui porte cependant la dégradation de l’économie française au même niveau que celui du creux de la grande récession qu’avait entraîné la crise financière de 2008. Selon le chef du département de la conjoncture de l’institut, Julien Pouget, «l’efficacité de notre campagne de vaccination permet d’envisager un redressement économique dans les mois à venir, mais ces estimations nous montrent également la gravité de cette crise inédite».