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La transition énergétique «sera bénéfique à l’économie et au bien-être», selon un rapport commandé par Bercy

A l'heure de la transition écologiquedossier
Selon la direction générale du Trésor, la décarbonation de l’économie sera globalement positive à l’économie française malgré un ralentissement potentiel de la croissance à court terme.
Dans les locaux de CréaWatt, entreprise de fabrication de panneaux photovoltaïques extralégers, le 19 octobre 2023 à Amilly (Loiret). (Albert Facelly/Libération)
publié le 5 décembre 2023 à 18h41

Quels seront les effets économiques de la transition vers la neutralité carbone en France ? C’est la vaste question à laquelle un rapport intermédiaire de la direction générale du Trésor, paru ce mardi 5 décembre, tente de répondre – avant une étude complète commandée par Bercy, dont la parution est prévue en 2024.

Selon l’organisme dépendant du ministère de l’Economie et des Finances, la transition vers la neutralité carbone devrait avoir des effets économiques positifs. Ainsi, «à long terme, la transition sera bénéfique à l’économie et au bien-être par rapport à un scénario de réchauffement non contenu». Du fait de «son mix énergétique et d’une production moins carbonés que ses principaux partenaires économiques» et «sous certaines conditions», la décarbonation de l’économie peut offrir «des opportunités économiques pour la France», écrit la direction du Trésor, qui appelle l’Etat a anticiper très fortement ses mesures sur le sujet.

A court terme, en revanche, elle «pourrait entraîner un ralentissement de la croissance économique, du fait de la hausse des coûts qu’elle représente». Le Trésor note aussi que la transition énergétique fera perdre 13 milliards d’euros aux recettes de l’Etat concernant les taxes sur les carburants d’ici à 2030, et 30 milliards d’ici à 2050, si la fiscalité n’est pas adaptée. A ce sujet, le rapport observe que les pays scandinaves, où l’électrification du parc automobile a commencé plus tôt, font déjà face à ce phénomène d’érosion des recettes, et que «plusieurs pays européens réagissent en mobilisant davantage d’autres sources de recettes au sein du secteur routier», comme les péages urbains ou la réduction des subventions aux véhicules électriques à mesure que leur prix d’achat baisse.

«110 milliards d’euros supplémentaires par an» nécessaires pour la décarbonation

Par ailleurs, le rapport chiffre à 110 milliards d’euros supplémentaires par an (en brut, par rapport à 2021) les investissements privés et publics nécessaires pour les projets de décarbonation. Il n’a pas encore d’estimation pour 2050. Parallèlement, il note que les investissements défavorables au climat pourraient se réduire, par exemple, de 37 milliards par an en 2030, grâce à la montée en charge des véhicules électriques et aux efforts de sobriété. Il estime enfin que «la transition vers la neutralité carbone a le potentiel d’améliorer la qualité de l’air», qui causerait aujourd’hui la mort prématurée de 48 000 à 67 000 personnes par an «pour des coûts sanitaires estimés à au moins 1 % du PIB».

Ces chiffres s’inscrivent dans le scénario d’un réchauffement mondial limité à 1,5°C, pour lequel la France et l’Union européenne ont pris des engagements de réduction de leurs émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport à 1990, et de neutralité carbone en 2050.

Ce document est publié à l’occasion des «rencontres de Bercy» consacrées ce mardi au thème «Croissance et Climat». Elles réunissent au ministère de l’Economie et des Finances plusieurs ministres, Bruno Le Maire (Economie), Agnès Pannier-Runacher (Transition énergétique) et Christophe Béchu (Transition écologique) avec des experts comme Bill Gates, coprésident de la Fondation Bill et Melinda Gates, ou Jean Pisani-Ferry, coauteur d’un rapport au printemps sur «les incidences économiques de l’action pour le climat».