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Libération
Diagnostic

L’agence Moody’s maintient la note de la France

L’agence de notation n’a pas dégradé la note du pays comme S & P la semaine dernière. Mais elle assortit sa décision d’une perspective négative. La faute à l’instabilité politique.

Moody’s est la quatrième agence de notation en un mois et demi à se prononcer sur la note souveraine française. (Mike Segar/Reuters)
Publié le 25/10/2025 à 0h02

Jamais trois sans quatre. Moody’s, la quatrième agence de notation en un mois et demi à se prononcer sur la note souveraine française, n’est guère plus enthousiaste que ses concurrentes. Si elle n’a pas décidé de la rétrograder comme S & P Global Ratings (anciennement Standard & Poor’s) la semaine dernière, en lui laissant son «Aa3», elle la place, vendredi 24 octobre dans la soirée, sous perspective négative, étape préalable à un abaissement de la note.

«Cette décision témoigne de l’absolue nécessité de construire un chemin collectif vers un compromis budgétaire», a déclaré Roland Lescure, le ministre de l’Economie et des Finances alors que les débats sur le projet de loi de finances pour 2026 viennent de commencer dans la soirée dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

Moody’s, comme les autres agences de notation, met en avant la situation politique instable de la France pour justifier sa décision. «Cette instabilité politique risque d’entraver la capacité du gouvernement à affronter des défis essentiels tels que le déficit budgétaire élevé, le fardeau croissant de la dette et la hausse durable des coûts d’emprunt», précise Moody’s dans son communiqué. Malgré tout, si l’agence a choisi d’épargner la note de la France, c’est parce que le pays affiche «une croissance économique significative et une économie diversifiée».

Cette décision est un petit répit. Des observateurs s’attendaient à une dégradation, notamment depuis que le gouvernement Lecornu II a décidé de suspendre la réforme des retraites, qui prévoyait de repousser l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, afin de tenter de faire passer ses textes budgétaires au Parlement sans être renversé. En avril, Moody’s citait précisément un «retour en arrière» sur cette réforme parmi les critères qu’elle retiendrait pour abaisser la note. Ce vendredi, l’agence s’interroge d’ailleurs sur la décision du Premier ministre : «Si la suspension de cette réforme s’étalait au-delà de quelques années, cela aurait un impact négatif sur la croissance économique en réduisant l’offre de main-d’œuvre», insiste-t-elle.

L’instabilité politique, pointée du doigt par les agences de notation, pèse sur l’activité. Le gouvernement table sur une progression de la croissance du produit intérieur brut (PIB) de 0,7 % cette année et de 1 % en 2026. Plusieurs facteurs expliquent que l’économie tourne au ralenti, comme le taux d’épargne des ménages propulsé à des plus hauts historiques, qui pèse sur la consommation et un recul des investissements des ménages comme des entreprises.

Hypothétique baisse du déficit public

Alors que les discussions budgétaires ne se sont pas ouvertes sous de bons auspices, la perspective de baisse du déficit public en 2026 est hypothétique. Les députés ont massivement rejeté en commission des finances, dans la nuit de mercredi à jeudi, la première partie du projet de loi de finances pour l’an prochain consacrée aux recettes. Ils ont commencé dans l’hémicycle ce vendredi la discussion sur ce texte qui vise à ramener le déficit de 5,4 % du PIB prévu cette année à 4,7 % en 2026.

Plus tôt dans la semaine, Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes, avait souligné l’importance d’avoir un déficit public «très clairement en dessous de 5 %» du PIB en 2026, pour tenir la trajectoire promise à la commission européenne d’un retour sous 3 % en 2029. «Nous avons le déficit public le plus élevé de la zone euro, la dette publique la plus importante en masse à près de 3 500 milliards d’euros, la troisième de la zone en pourcentage du PIB (derrière la Grèce et l’Italie) à 118 % l’an prochain», a-t-il énuméré mercredi sur RTL.