Tressaillement de la courbe ou tendance qui va s’aggraver avec la multiplication des plans sociaux ? Le taux de chômage en France est très légèrement remonté au troisième trimestre 2024, pour atteindre 7,4 % de la population active, soit 2,3 millions de personnes, a annoncé l’Institut national de la statistique (Insee) ce mercredi 13 novembre. Ce taux, calculé au sens du Bureau international du Travail et harmonisé au niveau européen, était au même niveau un an auparavant et de 7,3 % au deuxième trimestre, a précisé l’Institut national de la statistique.
Cet été, ce sont ainsi 35 000 personnes supplémentaires qui ont été frappées par le chômage, une très faible évolution qui fait dire à l’institut que le taux de chômage est «quasi stable».
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Mais il augmente fortement chez les jeunes de 15 à 24 ans, de 1,8 point sur un trimestre pour atteindre 19,7 %, tandis qu’il diminue de 0,3 point chez les plus de 50 ans et de 0,1 point chez les 25 - 49 ans. Le taux de chômage est en progression chez les hommes, gagnant 0,3 point à 7,6 % sur un trimestre, tandis qu’il diminue de 0,2 point à 7,2 % chez les femmes. Le taux d’emploi des 50-64 ans, que le gouvernement veut voir monter avec la réforme des retraites, atteint son plus haut niveau depuis que l’Insee a commencé à le mesurer en 1975, à 68,8 %.
Enfin, le halo autour du chômage, constitué par les personnes qui n’ont pas d’emploi parce qu’elles n’en recherchent pas ou ne sont pas disponibles, diminue avec 89 000 personnes en moins sur un trimestre, et 187 000 de moins qu’un an auparavant.
Le point bas de la courbe du chômage depuis 1982 avait été atteint entre la fin 2022 et le début d’année 2023, avec un taux de 7,1 %. Ce taux du troisième trimestre 2024 reste 3,1 points en dessous de son pic de mi-2015.
Des «milliers d’emplois» menacés
Pas plus tard que samedi, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a donné le ton : «Des annonces de fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent», a-t-il déclaré, estimant que le bilan social «va se compter en milliers d’emplois».
«Nous sommes au début d’une violente saignée industrielle», a pour sa part anticipé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, dans La Tribune Dimanche. «On estime que plus de 150 000 emplois vont disparaître, probablement plus», a-t-elle chiffré, pronostiquant aussi un «effet domino» sur les sous-traitants des «grands donneurs d’ordres».
Plus optimiste, le gouverneur de la Banque de France (BdF), François Villeroy de Galhau a estimé mercredi matin sur France Inter que l’économie française «confirme mois après mois une certaine résilience» et prédit «une petite remontée du chômage» en raison du ralentissement économique, à environ 7,5 % ou 8 %, mais qui serait suivie d’un repli «vers 7 % […] probablement autour du tournant de 2025-2026». Il a souligné que l’économie française avait créé quelque 2 millions d’emplois depuis dix ans. ll a cependant signalé des «incertitudes fortes chez les entrepreneurs autour du débat budgétaire et fiscal en France, puis maintenant de la future politique américaine».
Mise à jour à 14h15 avec les déclarations du gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau