Thomas Piquemal avait raison. Le 7 mars 2016, le directeur financier d’EDF démissionnait en son âme et conscience, refusant d’endosser la responsabilité d’un projet nucléaire pharaonique mené par l’électricien français : la construction de deux réacteurs EPR sur le site d’Hinkley Point C (HPC), dans le sud-ouest de l’Angleterre, moyennant 18 milliards de livres (24 milliards d’euros à l’époque). Pure folie selon lui, car le groupe, déjà englué dans le chantier sans fin du premier EPR français à Flamanville (Manche) et ployant sous une dette de 37 milliards, s’avérerait incapable de faire face à ses engagements. Un peu plus tard, Piquemal expliquait en ces termes devant les députés pourquoi il avait décidé de partir «en désespoir de cause et par désespoir tout court» : «Qui investirait 70 % de son patrimoine sur une technologie dont nous ne savons toujours pas si elle fonctionne ?»
Perte stratosphérique
A l’époque, un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, avait balayé d’un revers de la main cet avertissement, qualifiant Hinkley Point de «très bon investissement» qui sera «très rentable» pour EDF… Huit ans plus t