Depuis plus de dix ans, le chiffre est sensiblement le même : chaque année, près de 550 Français meurent dans un accident du travail. Une hécatombe face à laquelle le gouvernement a enfin décidé d’agir. Le ministère du Travail a présenté, lundi, un plan d’action, axé sur la sensibilisation et la formation. L’objectif est de réduire le nombre d’accidents du travail graves et mortels qui stagne depuis 2010, et touche surtout les travailleurs jeunes et intérimaires. Au total, 540 000 personnes en ont été victimes en 2020, indique le communiqué. «Ces accidents résultent encore malheureusement trop souvent d’une mise en œuvre insuffisante des principes de prévention et d’un manque de sensibilisation des acteurs», précise le secrétaire d’Etat chargé de la santé au travail, Laurent Pietraszewski.
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Le secrétaire d’Etat poursuit : «Le coût humain, social et économique des accidents du travail nous impose de ne pas céder à la fatalité.» L’ancien cadre d’Auchan a présenté une feuille de route très générale, sans précisions de financements devant le comité national de prévention et de santé au Travail. Elle s’appuie sur un «principe cardinal» : la prévention. «L‘effectivité du droit sera d’autant plus assurée qu’il sera compris, approprié selon l’expression consacrée, par les employeurs et que les outils et démarches adaptés auront été mis en place», justifie le ministre.
Priorité aux jeunes
Le plan cible d’abord les salariés les plus vulnérables c’est-à-dire les jeunes ou les nouveaux embauchés, les travailleurs intérimaires, indépendants ou détachés. «Ils sont davantage exposés aux risques professionnels en raison de leur manque d’expérience professionnelle et de leur méconnaissance du nouvel environnement dans lequel ils évoluent», explique le ministère. Alors, il met l’accent sur la formation à la sécurité, lors de leur formation initiale ou l’apprentissage des jeunes ou lors de la prise de poste. Les messages qui leur sont destinés, notamment pour les travailleurs détachés qui parlent mal français, seront renforcés annonce-t-on, sans plus de précision.
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Au-delà des jeunes, le ministère du Travail identifie également les Très petites entreprises (TPE) et les Petites et moyennes entreprises (PME) qui ont souvent moins de ressources à consacrer à la prévention. «Selon l’inspection du travail, les accidents graves et mortels dans les TPE-PME représentent 26 % des accidents totaux alors qu’elles emploient seulement 18 % des salariés, note le rapport. Un effort particulier doit donc être conduit en leur direction.» Mais cet effort consiste avant tout à mobiliser le dialogue social professionnel au profit de la prévention. En clair : aux syndicats de faire avancer les choses. Le gouvernement entend toutefois informer au mieux les TPE et PME des aides auxquelles elles sont éligibles.
Enfin, certains risques professionnels feront l’objet de mesures ciblées en raison de leur impact élevé, comme le risque routier (356 accidents mortels selon la Caisse nationale d’assurance maladie), le risque associé à l’utilisation des machines (24 % des accidents mortels) et les chutes de hauteur (18 % des accidents du travail mortels). Pour cela, la solution proposée par le gouvernement consiste à mobiliser les branches professionnelles les plus concernées (la construction, l’agriculture, les industries des transports…) pour dresser un état des lieux et identifier les leviers de la prévention. «L’objectif est en premier lieu d’analyser les causes des accidents du travail graves et mortels puis, en deuxième lieu, d’identifier les nouveaux leviers partagés et efficaces de lutte contre ces accidents ainsi que les acteurs à associer», précise le dossier. On va dire que c’est un début.