Un petit pas vers la gauche ? Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’est dit lundi favorable à «des mesures anti-optimisation fiscale sur les hauts patrimoines» dans le budget 2026, afin que le redressement des finances publiques soit «ressenti comme juste».
«Je crois qu’il ne faut pas exclure certaines mesures fiscales ciblées et exceptionnelles», a déclaré François Villeroy de Galhau dans un entretien au Parisien. «Pour citer un exemple, des mesures anti-optimisation fiscale sur les hauts patrimoines seraient justifiées», a-t-il ajouté, estimant que le canevas de budget présenté en juillet par l’ex-Premier ministre François Bayrou «peut être amélioré».
François Villeroy de Galhau a insisté sur la nécessité de résoudre urgemment le problème budgétaire français, «aggravé» par la crise politique, afin de ramener le déficit public à 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2029. L’effort doit, selon lui, porter aux trois quarts sur les dépenses publiques, sans «exclure certaines mesures fiscales ciblées et exceptionnelles, jusqu’à un quart de l’effort total».
Pour François Villeroy de Galhau, les mesures fiscales doivent épargner les classes moyennes et les PME, et ne durer que jusqu’au retour du déficit sous 3 % du PIB.
«L’impôt magique» n’existe pas
«La vérité, c’est qu’il n’y a jamais d’impôt indolore, ni d’impôt magique qui rapporterait énormément en France alors qu’il ne s’applique pas chez nos concurrents», a-t-il déclaré, interrogé sur la taxe dite Zucman (du nom de l’économiste Gabriel Zucman) sur les très hauts patrimoines réclamée par les socialistes au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, désireux de faire passer un budget sans censure des oppositions.
Concernant la croissance économique française, celle-ci continue de résister, quoique ralentie par rapport à 2024 (+ 1,1 %). Ainsi, la Banque de France a relevé lundi à 0,7 % sa prévision de croissance pour 2025, contre 0,6 % auparavant, et a dit s’attendre à un renforcement de l’activité en 2026 et 2027, freiné toutefois par l’incertitude.
Pour les deux prochaines années, la croissance a été révisée en baisse de 0,1 point à respectivement 0,9 % et 1,1 %, en raison notamment du «contexte national plus incertain», source potentielle d’attentisme chez les ménages et les entreprises, a souligné l’institution en actualisant ses prévisions macroéconomiques.
A cette instabilité nationale s’ajoute un environnement international potentiellement plus défavorable, avec un renchérissement de l’euro qui pénalise la compétitivité européenne, une moindre demande externe et un prix du pétrole plus élevé.