Après avoir envisagé en janvier de couper dans ses effectifs, le groupe franco-italien de composants électroniques STMicroelectronics a confirmé ce jeudi 10 avril son intention de supprimer jusqu’à «jusqu’à 2 800» postes. Des coupes qui passeront par des plans de départs volontaires à l’échelle mondiale sur une période de trois ans, dans le cadre du projet de transformation de l’entreprise, a-t-elle fait savoir dans un communiqué. Ces départs s’ajouteront à la diminution «naturelle» des effectifs et «devraient intervenir principalement en 2026 et 2027».
Le groupe est au cœur d’une passe d’armes entre ses coactionnaires, la France (à travers la banque française d’investissement Bpifrance) et l’Italie. STMicroelectronics avait précisé fin janvier qu’il prévoyait une diminution de ses charges d’exploitation comprise entre 288 et 345 millions d’euros à l’horizon 2027. L’entreprise, qui avait annoncé en octobre son plan de transformation, a précisé qu’il concentrerait les investissements des prochaines années sur quelques modèles essentiels à la construction de semi-conducteurs.
Reportage
Face à une baisse de la demande dans l’industrie et le secteur automobile, cette tentative de restructuration a pour objectif de résoudre les grandes difficultés financières du groupe. Ses résultats pour l’année 2024 ont été annoncés le 30 janvier 2025 : son chiffre d’affaires s’est établi à 12,5 milliards d’euros, et a diminué de 23,2 % par rapport à l’année précédente. En Bourse, le cours de l’action a chuté de 45 % ces 12 derniers mois.
L’entreprise mise également sur l’intelligence artificielle (IA), dans les étapes de recherche et développement comme de fabrication, pour augmenter la productivité de ses sites, a-t-elle précisé. «En nous concentrant sur des infrastructures de fabrication de pointe et sur les technologies «mainstream» (les plus vendues, NDLR), nous continuerons à tirer parti de tous nos sites existants, avec des missions redéfinies pour certains d’entre eux afin de soutenir leurs succès à long terme», a expliqué le PDG du groupe Jean-Marc Chéry, cité dans le communiqué. L’entreprise a également détaillé le devenir de ses différents sites de production, répartis entre la France (principalement en Isère), l’Italie, Malte et Singapour, voués à se spécialiser et à augmenter leurs volumes de production.
Le patron du groupe sur la sellette
En parallèle, le patron du groupe est au cœur d’une montée des tensions entre Paris et Rome, co-actionnaires de l’entreprise à hauteur de 27,5 %, qui a débuté ce mercredi avec une prise de parole du ministre italien des Finances, Giancarlo Giorgetti. Dans des propos rapportés par Bloomberg et confirmés par le gouvernement italien à l’AFP, ce dernier a déclaré retirer son soutien à Jean-Marc Chéry sur fond du rejet par le conseil de surveillance de l’entreprise de l’une des deux candidatures proposées par l’Italie.
Jeudi, le conseil de surveillance, chargé du contrôle de la gouvernance de l’entreprise, a réaffirmé son soutien au PDG.