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Récompense

Le prix Nobel d’économie décerné à Claudia Goldin, experte de la situation des femmes sur le marché du travail

Le prix a été décerné ce lundi 9 octobre à l’Américaine de 77 ans, professeure d’économie à l’Université Harvard, pour ses travaux sur le rôle des femmes dans l’économie.

Claudia Goldin. (Photo/Wikipédia)
Publié le 09/10/2023 à 11h55

Après une semaine de cérémonies, le dernier né des Nobel a été remis à Stockholm ce lundi 9 octobre à l’économiste Claudia Goldin, professeur à Harvard et spécialiste du travail et de l’histoire économique. Troisième femme à remporter le prix, elle a été récompensée pour «avoir fait progresser la compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail», selon l’académie.

«C’est un prix très important, pas seulement pour moi, mais pour beaucoup de personnes qui travaillent sur ce thème et qui essayent de comprendre pourquoi il reste de grandes inégalités», malgré d’ «importantes évolutions», a réagi Claudia Goldin.

«Les recherches de Claudia Goldin nous ont donné un aperçu nouveau et souvent surprenant du rôle historique et contemporain des femmes sur le marché du travail», a précisé le jury. «Claudia Goldin a fouillé dans les archives et recueilli plus de 200 ans de données sur les Etats-Unis, ce qui lui a permis de montrer comment et pourquoi les différences de revenus et de taux d’emploi entre les hommes et les femmes ont évolué au fil du temps», a noté Randi Hjalmarsson, du jury Nobel.

Entrent en jeu différents éléments : la nature des revenus, les contraintes domestiques et les attentes des femmes. «Ces éléments ont changé d’une génération à l’autre», a souligné le comité Nobel. Longtemps, les jeunes femmes ne s’attendaient pas à avoir une carrière, et ce n’est que récemment qu’elles ont intégré la possibilité d’une carrière longue et active. «Au cours des dernières décennies, les femmes ont été de plus en plus nombreuses à étudier et, dans les pays à revenu élevé, elles ont généralement un niveau d’éducation supérieur à celui des hommes», a fait valoir le jury.

Alors qu’historiquement, une grande partie de l’écart de revenus pouvait s’expliquer par des différences d’éducation et de choix professionnels, Claudia Goldin «a montré que l’essentiel de cette différence de revenus se situe aujourd’hui entre les hommes et les femmes exerçant la même profession, et qu’elle survient en grande partie à la naissance du premier enfant». Ses travaux ont également démontré que «l’accès à la pilule contraceptive» a joué un rôle important dans l’accélération de l’augmentation des niveaux d’éducation au cours du XXe siècle, en «offrant de nouvelles possibilités de planification de carrière», selon le comité Nobel.

Le Nobel d’économie fait d’ailleurs figure de cancre de la parité parmi les fameuses récompenses. Avant Claudia Goldin, seulement deux femmes l’avaient décroché : l’Américaine Elinor Ostrom (2009) et la Franco-Américaine Esther Duflo (2019) sur 93 lauréats.

En 2022, le prix était allé à Ben Bernanke, l’ancien président de la banque centrale américaine (Fed) et ses compatriotes Douglas Diamond et Philip Dybvig, pour leurs travaux sur les banques et leurs sauvetages nécessaires durant les tempêtes financières.

«Faux Nobel»

Seul à ne pas avoir été prévu dans le testament d’Alfred Nobel, le prix d’économie «à la mémoire» de l’inventeur s’est ajouté bien plus tard aux cinq prix traditionnels.

En 1968, à l’occasion de son tricentenaire, la banque centrale de Suède (Riksbank), la plus vieille du monde, avait institué un prix de sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, en mettant à la disposition de la Fondation Nobel une somme annuelle équivalente au montant des autres prix. Pour les lauréats du millésime 2023, le chèque accompagnant le prix est désormais de onze millions de couronnes (920 000 euros), soit la plus haute valeur nominale (dans la devise suédoise) dans l’histoire plus que centenaire du prix.

Le prix d’économie boucle la saison des célèbres récompenses. Le plus prestigieux des Nobel, celui de la paix, a été attribué vendredi à la militante iranienne emprisonnée Narges Mohammadi. Auparavant, le Norvégien Jon Fosse avait été récompensé en littérature. Le prix de chimie a été décerné à Moungi Bawendi, Louis Brus et Alexei Ekimov pour leurs travaux sur des nanoparticules nommées points quantiques.

En physique, ce sont trois spécialistes du mouvement des électrons qui ont été primés, Anne L’Huillier, Pierre Agostini et Ferenc Krausz et en médecine un duo, Katalin Kariko et Drew Weissman, pour leur avancée sur le vaccin à ARN messager.

Mise à jour : à 13 h 54, avec l’ajout de la réaction de Claudia Goldin et de davantage de contexte.