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Libération
Le billet de Jean-Christophe Féraud

Le «réarmement» de Macron, c’est surtout l’affaire des marchands de canons

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Si Emmanuel Macron a fait de ce mot son nouveau mantra politique, le réarmement n’est pas au rendez-vous dans le secteur du matériel terrestre. L’abandon de souveraineté sur les blindés ou les fusils d’assaut pose question alors que la guerre, la vraie, frappe à nouveau à notre porte.
Emmanuel Macron et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, lors d'un salon de la défense à Villepinte, le 13 juin 2022. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 16 janvier 2024 à 15h14

Le «réarmement» est dans l’air du temps. Il y a le mot martelé à toutes les sauces («moral», sécuritaire, économique…) par un Emmanuel Macron en quête d’un nouveau mantra politique. Et il y a le réarmement dans les faits, celui des pays qui font directement face à la menace d’une agression dans un monde où la guerre est redevenue une réalité, des tranchées d’Ukraine aux ruines de Gaza. Le paradoxe, c’est que la France vend, exporte des armes comme jamais – notamment à des pays peu fréquentables – mais qu’elle peine toujours à doter sa propre armée pour le champ de bataille comme le voudraient les militaires. Au risque de sacrifier une partie de sa propre souveraineté industrielle en matière d’armement terrestre notamment.

La loi de programmation militaire prévoit certes des dépenses record de 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030. La France demeure le troisième vendeur d’armes de la planète selon le dernier rapport du Stockholm International Peace Research Institute : elle a exporté pour 27 milliards de matériels militaires en 2022. Et ses industriels, comme l’avionneur Dassault qui vend ses Rafale comme des petits pains (80 aux Emirats arabes unis en 2022 !), l’électronicien Thale