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Libération
CAC 40

Législatives : la Bourse termine en légère baisse, plutôt rassurée par l’hypothèse d’une coalition

Les marchés boursiers ont terminé en légère baisse lundi, au lendemain du second tour des élections législatives et de la victoire surprise de la gauche, Les traders avaient anticipé cette situation d’un pays compliqué à gouverner comme la plus probable.
Pour la Bourse, comme pour les milieux, d’affaires, l’hypothèse d’un gouvernement sans majorité absolue est considérée comme la moins mauvaise. (simoncarter/Getty Images)
publié le 8 juillet 2024 à 11h12
(mis à jour le 8 juillet 2024 à 18h17)

Zen, ils restent zen : les marchés boursiers ont à peine bougé un indice lundi 8 juillet au matin, au lendemain du second tour des élections législatives, qui a vu la gauche arriver en tête et le RN relégué en troisième place. Le CAC 40 a ouvert en toute petite baisse de 0,49 %, à 7 637 points, puis terminé en baisse de 0,63 % à 7 627,45 points, après avoir passé une bonne partie de la séance dans le vert.

L’Assemblée nationale divisée en trois blocs, alors que les comptes publics sont dans le rouge ? Une coalition à trouver ? Même pas peur, ont signifié les traders, qui avaient anticipé cette situation d’un pays compliqué à gouverner comme la plus probable. Autre signe de calme, les contrats futurs sur le CAC 40, reflet des paris sur l’avenir, étaient également stables lundi matin.

Pour la Bourse, comme pour les milieux, d’affaires, l’hypothèse d’un gouvernement sans majorité absolue est considérée comme la moins mauvaise, voire acceptable, après une dissolution qui avait suscité une mini panique. Le CAC 40, alors au-dessus des 8 000 points, avait perdu jusqu’à 6 % dans les jours suivants, retombant vers les 7 500 points. Mais après le premier tour, l’annonce d’un front républicain anti-RN et de désistements massifs a dessiné une situation plus rassurante à leurs yeux que l’hypothèse d’un RN anti-européen disposant d’une majorité absolue. C’est l’assurance que rien de majeur ne pourra se décider, sans «grands coups de volants», ni dans un sens ni dans l’autre, comme l’expliquaient déjà les patrons réunis à Aix-en-Provence vendredi. Le programme du Nouveau Front populaire, même jugé comme «anti-business», n’a jamais vraiment inquiété les analystes financiers, qui ont conclu qu’il ne pourrait pas être appliqué tel quel faute de majorité absolue pour la gauche. Ce qui explique pourquoi, la semaine passée, après le premier tour, le CAC avait rebondi de 2,62 %. La France est toujours considérée plus à risque que l’Allemagne, avec un «spread» – l’écart entre les taux des obligations d’Etat françaises et allemandes sur dix ans – toujours proche des 70 points, à 67 points, mais qui ne s’est pas creusé davantage.

La recherche d’alliances et même la possibilité de mesures sociales sont déjà anticipées. «Les marchés et investisseurs étrangers ont l’habitude de gérer le fait qu’un gouvernement de coalition doive se mettre en place dans un pays développé, ce qui prend du temps, explique Christopher Dembik, analyste stratégie chez Pictet. Et cela ne crée pas de disruption : c’est tout nouveau pour nous mais pas pour les marchés et ça ne change pas la donne, d’autant que plus de 80 % du chiffre d’affaires des entreprises du CAC 40 se fait hors de France. C’est qui est inquiétant pour la Bourse, c’est l’incertitude, comme la dissolution. Mais un gouvernement de coalition n’est pas vraiment une inquiétude aujourd’hui. Le sujet en France n’est plus une crise mais un décrochage, y compris sur le coût d’emprunt de la France, peu importe la couleur de la coalition. Oui il y aura dans doute des mesures dispendieuses sur le pouvoir d’achat, après tout 5 milliards ça se trouve. Mais il faudra trouver 15 milliards de baisse des dépenses. Les marchés scruteront la capacité d’envoyer un message clair sur le redressement de comptes. Sinon ce seront les agences de notation qui le feront en fin d’année».

Pour Ludovic Subran, économiste en chef d’Allianz, «maintenant ça va se jouer sur qui la gauche va proposer comme Premier ministre et ce que Macron décide de faire, entre un gouvernement technique et une proposition de gouvernement à la gauche. Ainsi que la capacité à faire des compromis.»

Au niveau européen, les marchés ne montraient pas de grand mouvement non plus lundi matin, l’euro reculant de 0,15 % à 1,0823 dollar pour un euro. Les banques, secteur le plus sensible à l’activité économique en France, étaient en baisse mais après un fort rebond la semaine dernière, comme Société Générale (-1,46 %), BNP Paribas (-1,24 %) et Crédit Agricole (-0,51 %). «La question se pose de savoir qui va gouverner en France compte tenu des divergences importantes entre ces trois groupes politiques. On peut s’attendre à ce que le rebond des actifs risqués», comme les actions, marque le pas, selon une note de Natixis. «La paralysie politique pour les douze prochains mois semble être l’issue la plus probable», mais «le marché se méfiera de la perspective» de l’arrivée de la gauche au pouvoir et de l’application de son programme, a tout de même estimé Deutsche Bank.


Mis à jour à 18h17 avec la clôture de la Bourse de Paris