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Finance

Les bénéfices des entreprises du CAC 40 fondent de 28 % en un an, mais elles restent largement profitables

Alors que la salve des résultats financiers semestriels s’achève ce vendredi en France, les profits des plus grosses sociétés françaises sont en baisse, même si leur bénéfice net cumulé reste assez haut, à 51,8 milliards d’euros. Les banques et l’aérien figurent notamment parmi les grands gagnants.
Le chiffre d’affaires cumulé des entreprises est de 827,6 milliards d’euros, en légère baisse de 1 %. (Eric Beracassat/Eric Beracassat)
publié le 1er août 2025 à 14h31

Après des années post-Covid où de nombreuses grandes entreprises ont affiché des résultats mirifiques, ce qui s’était traduit l’an dernier par des dividendes records pour les entreprises du CAC 40, l’euphorie a – en partie – cessé. Pour les 39 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels, le bénéfice net cumulé est malgré tout de 51,8 milliards d’euros. Mais c’est une baisse drastique par rapport au premier semestre 2024, puisqu’il a chuté de 28 %. Le chiffre d’affaires cumulé, lui, est de 827,6 milliards d’euros, en légère baisse de 1 %.

Les droits de douane, l’euro fort face aux dollars, incertitudes économiques ou le retour sur terre après des surprofits encore plus importants sont invoqués pour expliquer cette évolution. Mais les disparités sont fortes en fonction des secteurs : automobile et luxe en baisse ; aérien, défense, banques et industrie en progression. Seul Pernod Ricard n’est pas comptabilisé dans ce décompte puisque son exercice comptable est décalé.

Les banques et l’aérien cumulent les bénéfices

Les entreprises de l’aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques. Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85 %, Safran de 11 %. Même ambiance pour les banques, qui «sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans», a relevé Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM. Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d’euros de bénéfices. Une hausse de 12 %.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d’euros, due à ses mauvais résultats et à l’évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan. La veille, la direction de la boîte au losange annonçait un gel des recrutements jusqu’au 31 décembre, a révélé Libération.

Son concurrent Stellantis a publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d’euros au premier semestre. Son nouveau directeur général, l’Italien Antonio Filosa, a prévenu qu’il faudrait prendre des «décisions difficiles» pour «accélérer» fin 2025. Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46 % pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga…) et de 22 % pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine…). Le plus gros bénéfice revient en revanche à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

Incertitudes sur la fin de l’année

«Globalement, […] les résultats sont plutôt solides», reconnaît Lionel Melka, gérant à Swann Capital, avec, d’un côté, «les secteurs où les attentes étaient basses», comme le luxe ou la consommation, et, de l’autre, «les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c’est bon comme prévu», a-t-il précisé. Ce semestre «reste décevant», notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik : «Il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible.» En outre, «en début d’année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. […] La réalité, c’est qu’on n’est pas sur une période de résultats qui est mirobolante», note-t-il.

L’incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l’euro qui devrait peser sur les entreprises françaises. Christopher Dembik prévoit «un risque de taux de change» plutôt «qu’un risque de droits de douane», et cela «va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir», dans les investissements ou les importations. Plusieurs entreprises ont d’ores et déjà annoncé des «réductions de coûts» afin de traverser cette tempête, relative, puisqu’elles sont en moyenne largement bénéficiaires. Un euphémisme pour ne pas parler de suppressions de postes.