Menu
Libération
Mal aux bourses

Les Bourses européennes en chute libre, la situation du Crédit suisse inquiète

De vives inquiétudes sont de retour alors que de nombreuses banques européennes ont vu leurs actions chuter ce mercredi matin. Les autorités américaines et européennes assurent malgré tout que le système bancaire est solide.
Les Bourses européennes dévissaient de nouveau ce mercredi matin. (Charles Platiau/Reuters)
publié le 15 mars 2023 à 12h27
(mis à jour le 15 mars 2023 à 18h03)

Et l’angoisse repart de plus belle. Moins 3,58 % à Paris, 2,83 % à Londres, 2,27 % à Francfort, 3,38 % à Milan… Ce mercredi, les Bourses européennes ont chuté en clôture, marquant le retour des vives inquiétudes sur les banques. L’indice du secteur européen des banques (Stoxx 600 Banks) a plongé pour sa part de près de 7%. Les craintes sont plus forte encore pour le Crédit suisse, dont l’action dévissait en fin de journée de plus de 24 %, touchant un nouveau point bas historique. Son premier actionnaire, la Saudi National Bank, ne va «absolument pas» soutenir la banque en montant davantage au capital, a cependant expliqué son président Ammar al-Khudairy dans une interview à Bloomberg TV mercredi.

La Banque nationale saoudienne détient actuellement autour de 9,8 % de Crédit suisse, juste en dessous de l’important seuil de 10 % au-delà duquel une autre réglementation s’applique. Le Crédit suisse est dans la tourmente depuis plusieurs mois et avait dû lever fin 2022 quatre milliards de francs suisses via une augmentation de capital qui avait permis l’entrée de la Saudi National Bank. Mais début mars, la société d’investissement américaine Harris Associates, qui faisait partie de ses actionnaires de longue date, a jeté l’éponge.

Les banques françaises dans le dur

Dans le sillage du Crédit suisse, BNP Paribas chutait en clôture de 10,11 %, Société générale de 12,18 %, Banco Sabadell de 10,49 %, ING de 9,58 %, Commerzbank de 8,71 %, Deutsche Bank de 9,25 %, Unicredit de 9,06 %. Si les mesures des autorités américaines et les assurances des gouvernements européens sur la solidité du système bancaire suite à la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) ont pu stabiliser un peu les marchés mardi, la tendance demeure fragile. Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz a jugé «lente» cette réaction, et n’exclut pas d’autres défaillances.

Signe d’une fuite des investisseurs vers des placements perçus comme plus sûrs, les taux d’emprunt des Etats reculaient, alors qu’ils étaient en forte hausse en début de séance. L’emprunt américain à 10 ans retombait à 3,57 %, contre 3,69 % la veille. Les taux obligataires ont énormément reculé depuis la fin de la semaine dernière, le choc bancaire ayant changé la perception des investisseurs sur les prochains choix de politique monétaire que devrait faire la banque centrale américaine. La tendance est désormais qu’elle garde un rythme lent de hausse de ses taux, même si l’inflation demeure à un niveau élevé en février, 6 % selon l’indice CPI publié mardi.

En zone euro, la banque centrale devrait-elle «maintenir ses plans» avec une forte hausse de ses taux directeurs jeudi lors de sa réunion de politique monétaire, selon Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. En Asie, Tokyo n’a pas réussi à rebondir (+0,03 %), après deux séances de décrochage. Shanghai (+0,55 %) et Hong Kong (+1,52 %) sont repartis, après l’annonce d’une reprise des ventes au détail en Chine, principal indicateur de la consommation des ménages. Elles ont rebondi pour la première fois depuis septembre, conformément aux anticipations des économistes, soulignant le regain de l’activité depuis la levée des restrictions anti-Covid dans le pays.

Après avoir terminé au plus bas depuis quatre mois mardi avec la crainte d’une récession aux Etats-Unis, les prix du pétrole repartaient de l’avant : le baril de Brent de mer du Nord pour livraison mai prenait 0,62 % à 77,93 dollars, celui de WTI américain pour livraison avril 0,57 % à 71,74 dollars vers 11 heures.

Les entreprises pétrolières étaient affectées par la chute des prix, plus de 10 % pour le WTI depuis le début de la semaine. TotalEnergies chutait de 3,58 %, BP de 32,20 %, Shell de 3,22 %. Le dollar profitait de son statut de valeur refuge pour remonter face aux autres monnaies. L’euro reculait de 0,53 % à 1,0676 dollar et la livre de 0,36 % à 1,2115 dollar. Le bitcoin gagnait, lui, encore 0,33 % à 24,72 dollars, soit un gain de plus de 21 % depuis vendredi.

Mise à jour à 18 h 05 : mise à jour des taux au moment de la clôture.