Un procès dont l’audience pourrait bien passer sous les radars. Et pourtant, il illustre dans un prétoire une bagarre à la fois dingue et violente dont la nuit parisienne a le secret. L’affrontement aurait pu se cantonner au microcosme des restaurants et clubs un peu sélects, des nouveaux lieux hype qui cultivent l’«eatertainment», contraction de manger et de divertissement en anglais. A ceci près qu’il oppose deux entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse la centaine de millions d’euros : Moma group et Paris Society. Sans compter que les actionnaires de ces sociétés, actuels ou passés, ont pignon sur rue : le groupe Barrière propriétaire et exploitants de casino et de Palaces, ou encore le géant de l’hôtellerie Accor, gestionnaire de plus de 5 000 hôtels dans le monde.

D’un côté Benjamin Patou, 46 ans, petit-neveu du couturier et parfumeur Jean Patou. Il est le PDG de Moma Group, qui s’autoproclame «l’expert de la restauration festive et de l’hospitalité». Dans son portefeuille, quelques lieux conceptuels emblématiques, comme Noto, Casa Amour et Mimosa. Mais aussi des belles adresses comme le restaurant Lapérouse sur les quais des Grands-Augustins, mais aussi l’Hôtel de la Marine place de la Concorde, joyau du XVIIIe, ou encore Le Bœuf sur toit, pépite art déco des années 20. Aujourd’hui, l’ensemble pèse 120 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 1 200 salariés. Depuis que le groupe Barrière s’est retiré du capital, l’un des associés de Benjamin Patou