Si les tarifs douaniers présentés mercredi 2 avril par Trump à l’occasion du singulier «Liberation Day» sont mis en œuvre tels quels, la moyenne pondérée des droits de douane américains dépasserait les 25 %, soit un record plus que centenaire. Depuis 1918, ce montant n’a en effet jamais été atteint. Le précédent record date des années 1930 et de la mise en place par le président républicain Herbert Hoover du Smoot-Hawley Tariff Act, qui, en pleine récession, a propulsé les tarifs vers le haut (le taux moyen atteignant 19,8 % en 1933), tout en pratiquant dans le pays une politique d’austérité. Résultat, les pays ont répliqué les uns après les autres, le commerce mondial s’est contracté, et la récession s’est développée. Ce n’est qu’à l’arrivée du démocrate Roosevelt à la présidence que le gouvernement a rétropédalé. Des accords ont été renégociés et le Reciprocal Tariff Act a contribué à détricoter les mesures.

Un taux à 25 % représenterait plus de dix fois le taux en vigueur au début de l’année, qui était de 2,42 %. Cela consisterait, explique l’économiste Paul Krugman, à brûler toutes les règles et les processus de négociation patiemment mis en place depuis Roosevelt en 1934. L’économiste pointe en outre la «stupidité» de l’équipe gouvernementale qui a produit une équation en apparence un peu complexe pour justifier la méthodologie, mais dont les termes, écrits en lettres grecques pour donner l’apparence de la scientificité, s’annulent. Il en résulte une simple division entre le solde commercial et les importations de chaque pays. La méthode, selon lui, ressemble à celle «d’un étudiant qui n’a pas lu les textes et qui essaie de bullshiter pour passer un examen». Ou à une réponse que ferait ChatGPT à propos d’une politique tarifaire.