Empreinte d’une instabilité politique inédite, l’année 2024 a été marquée par un léger recul de la Bourse de Paris (-2,15 %). Pourtant, entre les dividendes et les rachats d’actions, les groupes du CAC 40 n’ont jamais autant redistribué à leurs investisseurs. En un an, 98,2 milliards d’euros leur ont été reversés, selon la lettre financière Vernimmen, une hausse de 1 % par rapport à 2023, qui constituait déjà une année record. Ces presque 100 milliards d’euros représentent un montant 60 % supérieur à ceux de 2019 (60,2 milliards), confirmant un immense bond en avant depuis la reprise de l’économie post-Covid. Dans le détail, les dividendes versés aux actionnaires s’établissent à 72,8 milliards d’euros, une augmentation significative de 8,5 % par rapport à 2023. Les rachats d’actions, eux, se chiffrent à 25,5 milliards d’euros, en baisse de 15 % par rapport à l’année précédente.
Des investissements jamais vus
En tête du peloton, TotalEnergies a été le plus partageur avec ses investisseurs. Le géant pétrolier leur a redistribué 14,5 milliards d’euros (7 sous forme de dividendes, 7,5 en rachats d’actions). Grâce à ces chiffres, l’entreprise dirigée par Patrick Pouyanné offre désormais à ses actionnaires des ratios de retour similaires à ceux de ses concurrents américains, ExxonMobil et Chevron. Et ne compte pas s’arrêter là. A ses investisseurs, le mastodonte promet «d’augmenter le dividende d’au moins 5 %» en 2025.
Le groupe de luxe LVMH (6,8 milliards reversés) et Stellantis (6,7 milliards) complètent le podium. Suivent BNP Paribas, AXA, Sanofi. Mais, plus globalement, ce sont toutes les entreprises du CAC 40 qui ont versé des dividendes à leurs actionnaires en 2024. A l’échelle européenne, la distribution de dividendes s’élève à 440 milliards d’euros en 2024, selon Allianz Global Investors. Pour 2025, l’agence anticipe même un montant record de 459 milliards d’euros. La redistribution est un moyen de «réallouer une ressource rare, les capitaux propres d’entreprises qui n’en ont plus l’utilité, vers des entreprises nouvelles qui en ont besoin à leur stade de développement actuel», écrivent les auteurs de la lettre Vernimmen, Pascal Quiry et Yann Le Fur.
En plus de ces versements inédits, l’année 2024 est marquée par un montant d’investissements jamais vu, 116,6 milliards d’euros. Un bond de 22 % par rapport à 2023, «signifiant clairement que, pour les groupes du CAC 40, la parenthèse pandémique est bien refermée», analysent les deux auteurs, rappelant que ce chiffre est 51 % supérieur à celui de 2019.