Une page se tourne dans le monde de la grande distribution. Le groupe Casino a annoncé la vente de 288 hypers et supermarchés à ses concurrents Auchan et Intermarché. En proie à des difficultés financières, Casino est en train de changer de propriétaire et sera bientôt détenu par l’homme d’affaires Daniel Kretinsky (créancier de Libération) associé à l’investisseur Marc Ladreit de Lacharrière. Cette vente de magasins, dont le montant est estimé à 1,3 milliard d’euros, va permettre de dégonfler la dette de Casino, estimée à 6 milliards d’euros et fruit d’une expansion à l’international menée au pas de charge. Il semblerait que les futurs propriétaires aient demandé de manière ferme que cette session de magasins ait lieu, compte tenu de la situation financière et avant même leur prise de contrôle.
Le groupement Les Mousquetaires-Intermarché va racheter la plus grande partie de ces magasins, soit 190 établissements. Auchan devrait prendre possession de 98 unités, essentiellement des hypermarchés, le format qui génère le plus de pertes. Carrefour annonce également être en «négociations exclusives» avec son concurrent Intermarché pour lui reprendre 31 magasins, parmi lesquels 26 aujourd’hui sous enseigne Casino, dans des zones où Intermarché aurait une part de marché déjà importante. L’Autorité de la concurrence veille à ce que des situations d’abus de position dominante ne puissent se créer, car elles ont toujours une répercussion sur les prix pratiqués dans une zone de chalandise donnée, que ce soit à la vente pour les consommateurs ou à l’achat pour les fournisseurs.
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A l’issue de cette opération, seule une vingtaine d’hypers et de supermarchés devraient demeurer, sans doute provisoirement, dans le giron de Casino. Il restera ensuite 6 000 magasins de proximité, à l’enseigne Spar, Vival ou encore petit Casino, mais tous exploités selon le système de la franchise : des commerçants indépendants louent la marque. C’est donc à une quasi disparition d’une enseigne née en 1898 à Saint-Etienne que l’on est en train d’assister. Les représentants des salariés observent ce mouvement avec une certaine inquiétude. Casino précise certes que les 12 000 salariés concernés seront repris avec leur contrat de travail. Reste que les conventions d’entreprise du distributeur sont plus avantageuses que celles d’Intermarché ou d’Auchan. Or ces dispositions pourront être dénoncées et ne plus être effective d’ici à quinze mois. «Nous allons nous réunir en intersyndicale afin de décider des actions à mener dans les prochaines semaines», indique à Libération Thomas Meyer, délégué central Unsa.
La vente de ces 288 magasins a de toute évidence suscité le plus vif intérêt de l’ensemble des concurrents de Casino. Il est devenu extrêmement difficile, compte tenu de la législation, et notamment celle sur l’artificialisation des sols, d’obtenir des autorisations d’ouverture de super ou d’hypermarché. Ceux qui existent déjà n’en prennent donc que plus de valeur.
Mise à jour à 19 heures : avec les négociations entre Carrefour et Intermarché.