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Les revenus des ultra-riches ont plus que doublé en vingt ans, selon une étude de Bercy

Une note de la Direction générale des finances publiques révélée par «le Monde» montre que les revenus des 0,1 % des ménages français les plus aisés se sont envolés de 119 % entre 2003 et 2022. De quoi creuser encore un peu plus les inégalités.
publié le 31 janvier 2025 à 15h45

Le ruissellement, quel ruissellement ? Les plus riches s’enrichissent et les pauvres le restent, démontre une étude de la Direction générale des finances publiques révélée par le Monde mercredi 29 janvier. Ses auteurs ont notamment passé à la loupe les revenus des 0,1 % les plus riches (40 700 ménages), c’est-à-dire ceux ayant déclaré un revenu d’au moins 463 000 euros sur l’année 2022. Ils ont plus que doublé entre 2003 et 2022 (+ 119 %), pour s’établir, en moyenne, à plus d’un million d’euros. Cette année-là, 14 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté.

Les experts de Bercy eux-mêmes paraissent s’étonner de cette tendance, «tout à fait remarquable, même par rapport aux autres foyers à revenus élevés» comme le rapporte Le Monde. Et pour cause : les 0,9 % restants (sur 1 % des ménages les plus riches) ont certes vu leurs revenus décoller, mais «seulement» de 79 %. Au total, ceux des 0,1 % plus aisés ont augmenté chaque année de plus de 4% (3% hors inflation), contre 2% (0,5 % hors inflation) pour le reste des Français.

De quoi creuser encore un peu plus des inégalités de revenus déjà grandes. Ainsi, en 2022, les 10 % les plus aisés agrégeaient plus du tiers des revenus de tous les Français (34,1 %), contre 32,4 % en 2003 – avec une stabilisation depuis 2020.

Autre différence : les ultra-riches ne tirent pas l’essentiel de leurs ressources des salaires et «traitements» (rémunération versée aux fonctionnaires) comme le reste de la population. Elles proviennent plutôt des dividendes et plus-values tirés des capitaux qu’ils détiennent (47 %), des bénéfices des entreprises dont ils sont propriétaires (10,5 %). Leur patrimoine foncier représente quant à lui 3 % du total – la hausse des prix de l’immobilier leur profite.

Qu’en est-il de l’impôt, et notamment celui sur le revenu censé amortir ces écarts ? Les ultra-riches déclarant les revenus les plus hauts ont contribué à 13 % des sommes récoltées pour l’impôt sur le revenu en 2022. Mais sur vingt ans, il pèse moins sur leur porte-monnaie bien fourni : pour eux, le taux d’imposition moyen est passé de 29,3 % à 25,7 %. Alors qu’il s’est alourdi pour les 9,9 % des plus aisés, et surtout pour la moitié des Français les plus pauvres imposables.

De quoi donner matière à réflexion sur d’éventuelles mesures fiscales, alors que la question d’une augmentation des impôts payés par les plus riches est toujours brandie à gauche, conspuée à droite. La commission mixte paritaire s’est tout de même accordée, dans le cadre du budget 2025, sur une contribution exceptionnelle et différentielle demandée aux plus hauts revenus, censée rapporter environ 2 milliards d’euros. Mais cette surtaxe n’est censée être appliquée que pendant une seule petite année.