La Banque centrale européenne tente de lutter contre l’inflation en relevant ses taux. Eric Monnet, professeur d’histoire économique à l’Ecole d’économie de Paris et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, analyse les conséquences de cette décision historique. Ce spécialiste des banques centrales, et notamment de leur rôle dans la politique économique générale, a reçu cette année le prix du meilleur jeune économiste, décerné par le Monde et le Cercle des économistes.
La Banque centrale européenne (BCE) vient de relever son taux directeur. Selon vous, est-ce opportun ?
C’était attendu. Il y a un mois, elle avait annoncé cette hausse et une autre en septembre, à moins d’un retournement de l’inflation. Cela a permis aux marchés financiers et aux entreprises d’anticiper une hausse graduelle des taux, d’éviter toute panique, et de s’assurer qu’ils prennent en compte les prévisions d’inflation qui accompagnent ce relèvement. La question se pose maintenant sur sa décision de septembre, qui dépendra de la différence entre les prévisions de la BCE et l’inflation constatée. La BCE redoute moins les conséquences sur les entreprises – en théorie, une hausse de 0,5 %, surtout quand il y a une inflation à plus de 5 %, ne se fait que peu sentir sur le coût des crédits – qu’une surréaction